La région Rhône-Alpes est concernée par de nombreux départs en retraite depuis le début des années 2010, résultant, comme ailleurs, d’une part importante d’actifs âgés de plus de 50 ans dans sa population active. Dans l’hypothèse d’un contexte législatif stable, 777 000 Rhônalpins auront cessé leur activité professionnelle entre 2010 et 2020, soit un taux de retrait d’activité équivalent à 30 %. Les employés de maison et les ouvriers du textile, qualifiés ou non, seraient fortement concernés.
À l’inverse, Les métiers de l’informatique, les métiers de bouche, les professionnels de l’action culturelle et sportive, les coiffeurs et esthéticiens, les caissiers et vendeurs, ainsi que les ouvriers non qualifiés du bâtiment seraient les moins touchés.
L’impact des départs est d’autant plus fort sur le renouvellement des effectifs que les métiers sont exercés massivement par des seniors. Ainsi, le taux de retrait est estimé à 40 % d’ici 2020 dans les métiers d’aide aux particuliers, d’agents d’entretien des collectivités, d’agents de la fonction publique, de médecins et d’agriculteurs.
Un actif rhônalpin sur quatre a plus de 50 ans
En Rhône-Alpes, une personne présente sur le marché du travail sur quatre a plus de 50 ans en 2009. Ces seniors représentent 677 300 actifs, soit 23,1 % de la population active totale, autant qu’en France métropolitaine. La structure par âge des seniors rhônalpins ne diffère pas sensiblement de la moyenne nationale. Les jeunes seniors sont majoritaires : la moitié d’entre eux ont entre 50 et 54 ans, et 90 % ont entre 50 et 60 ans. Il n’y a quasiment plus de seniors actifs au-delà de 65 ans (2 % des séniors).
Globalement, la situation d’emploi des seniors rhônalpins est plus favorable qu’au niveau national : le taux de chômage est plus faible (- 0,9 point) et le taux d’emploi relativement élevé comparé aux autres régions (54,7 % contre 52,7 % pour l’ensemble de la France métropolitaine). Il l’est tout particulièrement entre 50 et 60 ans (+ 2,7 points entre 50 et 54 ans, + 3,6 points entre 55 et 59 ans), et ce, quel que soit le sexe.
Une partie des seniors d’aujourd’hui, natifs ou installés dans la région, est entrée tardivement sur le marché du travail, en raison de l’importance des fonctions métropolitaines en Rhône-Alpes et des filières d’études longues qui y sont associées.
Le recul du taux d’activité intervient essentiellement entre 55 et 59 ans, âge à partir duquel l’inactivité peut être choisie (retraite, départ volontaire). Lorsqu’ils sont encore en activité après 60 ans, les seniors exercent des emplois mieux rémunérés et moins exigeants physiquement. Ainsi, la part relative des non-salariés, artisans ou commerçants, augmente.
Près d’un senior actif occupé sur deux est une femme, part un peu plus faible qu’en France métropolitaine (respectivement 48 % et 52 %). Depuis la fin des années 60, le développement du travail féminin a été particulièrement important dans certains métiers tertiaires qualifiés : fonction publique, enseignants, médecins.
En Rhône-Alpes, 13 % des seniors féminines sont cadres, et la moitié d’entre elles exercent un métier d’employée ou une profession intermédiaire (26 % dans les deux cas). Parallèlement, les femmes continuent d’exercer massivement des métiers de services faiblement qualifiés : employés de maison, aides à domicile, aides ménagères, assistantes maternelles.
La distribution des métiers est à rapprocher de celle des diplômes : un tiers de non-diplômées, un quart de diplômées du supérieur et le reste titulaire d’un CAP-BEP ou du baccalauréat.
Les hommes seniors occupent aussi des fonctions métropolitaines, mais, en proportion, davantage que les femmes : 30 % d’entre eux exercent une profession intermédiaire et 25 % un emploi de cadre. De par son tissu productif industriel conséquent, la région pourvoie également encore de nombreux emplois ouvriers : 20 % des seniors masculins sont concernés. En relation avec la structure de l’emploi masculin plus qualifié, on trouve moins de non-diplômés (ou seulement titulaires du BEPC) parmi les seniors masculins que parmi les seniors féminines (- 6 points).
Les métiers de l’aide aux particuliers, de l’entretien, d’agents de la fonction publique, de médecins et d’agriculteurs devraient connaître 40 % de départs d’ici 2020
Chaque année, des actifs occupés cessent définitivement de travailler, la plupart parce qu’ils font valoir leurs droits à la retraite, d’autres pour raison de santé ou parce qu’ils perdent leur emploi et rencontrent des difficultés à en retrouver un autre. Dans un contexte législatif équivalent à celui d’aujourd’hui, 776 700 Rhônalpins devraient cesser leur activité professionnelle entre 2010 et 2020.
Cela correspond à un taux de retrait d’activité de 30,1 %, soit un peu moins que la moyenne métropolitaine (30,9 %). Le nombre des départs s’infléchirait après 2015 : on compterait 347 000 départs de fin de carrière entre 2015 et 2020, contre 430 000 entre 2010 et 2015.
Des métiers seront moins touchés que d’autres par les départs en retraite. On comptera seulement un quart de départs d’ici 2020 dans les métiers de l’informatique, les métiers de bouche, les professionnels de l’action culturelle et sportive, les coiffeurs et esthéticiens, les caissiers et vendeurs, ainsi que les ouvriers non qualifiés du bâtiment.
D’autres métiers seront, en revanche, fortement concernés. Parmi les employés de maison, comme parmi les ouvriers du textile (qualifiés et non), on compterait jusqu’à un départ sur deux d’actifs occupés. Il y aurait également de forts contingents de départs parmi les cadres de la banque, les ouvriers qualifiés de la maintenance et ceux de la mécanique (entre 35 % et 40 % de départs).
Le moindre nombre d’emploi au-delà de 50 ans questionne les politiques publiques sous de nombreux angles, notamment ceux de l’attractivité de certains métiers en déclin et la transmission des « savoir-faire » entre générations.
L’impact des départs est d’autant plus fort sur le renouvellement des effectifs que les métiers sont exercés massivement par des seniors. Ainsi, il devrait y avoir près de 40 % de départs d’ici 2020 dans les métiers d’aide à domicile et aides ménagères, les assistantes maternelles, les agents d’entretien, les agents de la fonction publique, les médecins ainsi que les agriculteurs.
On compterait également de nombreux départs parmi les conducteurs de véhicule, les secrétaires, les techniciens et cadres du privé, les aides soignants, les enseignants et maîtrise des magasins (un tiers des actifs occupés).
Les mesures récentes visant à réduire les dispositifs de cessation anticipée devraient maintenir les seniors dans l’emploi à un âge de plus en plus avancé, notamment dans les métiers en tension, ces dispositifs contribuant à étaler les cessations d’activité dans le temps.