Isère : un quart des ménages seraient en situation de vulnérabilité énergétique


Parmi les ménages isérois, 17 % consacrent plus d’un mois de leur revenu annuel au paiement de leurs factures de chauffage. Cette vulnérabilité énergétique résidentielle frappe particulièrement les ménages modestes et les personnes seules, mais aussi les familles vivant dans les zones de montagne.

De même, les déplacements contraints en voiture mettent 11 % des ménages en situation de vulnérabilité, notamment les classes moyennes ; ce sont, pour la plupart, des actifs des zones périurbaines et rurales.

De nombreux ménages, en Isère comme ailleurs en France, ont du mal à régler leurs factures de chauffage. Ces ménages peuvent avoir des difficultés financières propres, mais ils doivent parfois aussi faire face à la mauvaise isolation de leur logement ou à un mode de chauffage trop dispendieux.

Par ailleurs, la nécessité de se déplacer fréquemment en voiture, pour se rendre à son travail et pour accéder aux pôles de services, peut également entraîner d’importantes dépenses en carburant qu’il est parfois difficile d’assumer.

Ainsi, plus d’un quart des ménages du département sont concernés par l’une ou l’autre de ces formes de vulnérabilité énergétique, quand la part du budget consacrée à ce type de dépenses, rapportée aux revenus, dépasse un certain seuil conventionnel.

En Isère, la vulnérabilité résidentielle est plus accentuée que dans l’ensemble de la France

En Isère, 85 000 ménages ont potentiellement des difficultés pour payer leurs factures de chauffage. La part des ménages isérois qui se trouvent en situation de vulnérabilité énergétique pour leurs dépenses de logement est estimée à 17 % contre 15 % pour l’ensemble de la France métropolitaine. Un climat plus rigoureux, notamment dans les zones de montagnes ainsi que dans les territoires du Nord-Isère, explique en partie ce décalage.

Les ménages concernés par la vulnérabilité énergétique « résidentielle » ont un profil marqué : retraités ou ménages sans profession (étudiants, chômeurs ou autres inactifs), respectivement 40 % et 20 % de l’ensemble des vulnérables, ainsi que les personnes seules (six ménages vulnérables sur dix). La question du revenu est essentielle : plus il est bas, plus le risque d’être en difficulté pour payer son chauffage est élevé. Ainsi, un tiers des ménages vulnérables du point de vue de l’habitat (soit 24 300 ménages) disposent de moins de 1 000 euros par mois pour une personne seule et de 2 000 euros pour un couple avec deux enfants.

Mais des revenus insuffisants n’expliquent pas à eux seuls toutes les situations de vulnérabilité énergétique. Les caractéristiques du logement (ancienneté, surface, mode de chauffage) sont un autre facteur explicatif. Plus de huit ménages vulnérables sur dix vivent dans un logement construit avant 1974 (date de la première réglementation thermique), contre un peu plus de la moitié dans l’ensemble de la population iséroise. Les très petits (moins de 25 m²) et les grands logements (plus de 150 m²) sont les plus concernés, et ce pour des raisons opposées : les premiers parce qu’ils abritent une population à bas revenus, étudiante pour une grande part, les seconds par la difficulté de chauffer de grandes surfaces d’habitation.

Le mode de chauffage a également un impact : la moitié des ménages qui se chauffent au fioul sont vulnérables. Ce mode de chauffage, typique de la maison individuelle ancienne, engendre effectivement des dépenses élevées : 1 730 euros en moyenne par an pour un logement ancien de plus de 100 m², soit 200 euros de plus que le gaz. Enfin, vivre dans un logement social, être locataire du parc privé ou être propriétaire de son logement ne génère pas les mêmes risques de vulnérabilité et les personnes touchées le sont pour des raisons différentes. Alors que 6 % des ménages qui vivent dans le parc social ont un risque de vulnérabilité énergétique, essentiellement du fait de leur situation financière, ils sont 16 % chez les propriétaires et 23 % chez les locataires du parc privé.

Pour faire face à ces difficultés, certains ménages développent des stratégies d’adaptation pour maîtriser leur budget (baisse de la température, réduction de l’espace chauffé, utilisation de chauffage d’appoint…) qui peuvent avoir des conséquences sur la santé ou le bien-être. Cette vulnérabilité appelle des actions publiques de prévention (telle que la rénovation des logements du parc public) ou d’assistance (tarifs sociaux et fonds de solidarité).

Plus de vulnérabilité loin des centres urbains

Le profil des ménages concernés par la précarité énergétique est très typé selon le lieu de vie des ménages : les grandes agglomérations, de par leur poids démographique (87 % des ménages isérois y résident), concentrent l’essentiel du phénomène de la vulnérabilité énergétique liée au logement (80 % des ménages ayant des difficultés à payer leurs factures de chauffage résident dans un grand pôle urbain ou dans une couronne périurbaine) mais sont proportionnellement moins touchées (16 % contre 25 %).

La vulnérabilité liée aux déplacements est, en volume, concentrée prioritairement dans les couronnes périurbaines où plus d’un ménage vulnérable sur deux réside. Les navettes domicile-travail quotidiennes se font sur de grandes distances. Ainsi, la moitié des périurbains de l’Isère résident à plus de 15 kilomètres de leur lieu de travail ; c’est une distance deux fois plus importante que celle parcourue par les urbains du département.

Enfin, les espaces hors aires urbaines, autour de petits bourgs et des espaces ruraux sont, eux aussi, fortement touchés proportionnellement à leur population, que ce soit sur le logement (27 % des ménages qui y vivent sont concernés) ou les déplacements (plus d’un quart des ménages).

Montagnes et Nord-Isère, zones à la vulnérabilité énergétique forte

Les espaces situés à l’extérieur des zones densément urbanisées connaissent une vulnérabilité énergétique supérieure, aussi bien en matière de logement que de déplacements. Les populations touchées y sont très « typées » : principalement âgées et retraitées, propriétaires de leurs logements et vivant en maison, dans des logements relativement grands. Les tout petits logements sont rares, comme la vulnérabilité touchant les jeunes et les étudiants.

C’est le cas, en premier lieu, des espaces de montagnes. Relativement, les Préalpes et Alpes iséroises constituent les zones les plus touchées par les deux types de vulnérabilité (31 % pour la vulnérabilité-logement et 26 % pour la vulnérabilité-déplacement). Les caractéristiques du logement (en particulier l’âge du parc) et la situation socioéconomique des ménages sont les principaux facteurs pénalisant les habitants de ces territoires. Ils se caractérisent par une importante population de retraités, qui sont les plus atteints par les difficultés de chauffage domestique.

Hors zones de montagne, dans les petits territoires situés à l’écart des centres urbains (Bourbre-Hien, zone du Lac de Paladru et de Saint-Laurent du Pont, « terres froides » autour du plateau de la Bièvre et du Chambaran), la part des ménages vulnérables quant au logement oscille entre 24 % et 30 %.

La présence d’un plus grand nombre de logements grands ou anciens explique largement la vulnérabilité énergétique « résidentielle » plus élevée dans ces zones. C’est ainsi, par exemple, que sept ménages vulnérables sur dix dans la vallée du Bourbre-Hien vivent dans un logement construit avant 1949.

Enfin, l’éloignement des centres urbains et des principaux pôles de services explique aussi que ces territoires soient largement concernés par la vulnérabilité liée aux déplacements.

Au carrefour de plusieurs politiques publiques

Les collectivités et l’État ont développé des politiques publiques visant à prendre en charge les différents phénomènes de vulnérabilité :

* des aides financières aux ménages modestes : tarifs sociaux, aides des fonds de solidarité logement (volet énergie), aides des Centres Communaux d’Action Sociale ;

* des aides à la rénovation de l’habitat : prêt à taux 0 et crédit d’impôt pour les ménages de classe moyenne, Programme « Habiter Mieux » de l’Anah pour les propriétaires modestes (intégré au Programme d’intérêt général (PIG) mal logement en Isère), volet énergie des opérations programmées d’amélioration de l’habitat (Opah) ;

* Soutien à l’Information énergie et accompagnement aux usages : bien comprendre et utiliser son installation et ses équipements.

L’obligation de rénovation des logements sociaux les plus énergivores impulsée par la Loi du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, devrait également contribuer à une diminution des situations de précarité énergétique liées à un logement mal isolé dans le parc public.

Le Département de l’Isère a fait de la précarité énergétique un des axes forts de son nouveau Plan d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées : il s’agit de développer une action chaînée, avec la participation de l’ensemble des partenaires et des dispositifs, permettant de repérer les ménages vulnérables et de les orienter vers les solutions ad hoc en fonction de leurs revenus et de leur statut résidentiel.

Gilbert

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