Trièves: le choix du bio

La foire de Mens, qui se poursuit dimanche de 10h à 18h, a attiré, comme elle le fait depuis dix ans, les consommateurs de produits bio. Cent-vingts exposants sont présents pour la onzième édition de cette manifestation, qui a investi le centre historique de Mens mais aussi les rues avoisinantes. Le visiteur, pour voir les quatre secteurs de la foire, est amené à cheminer entre les places de la Halle, de la mairie, de l’église, à se faufiler par la rue du Pas de l’aiguille et à rejoindre la place Tannon Bonnet et la place Richard Beranger. Belle promenade.

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Comme le soulignait Antoine Bosse-Platière, qui travaille au Centre Terre vivante, lors de la table ronde organisée sur le thème « Pourquoi devenir agriculteur bio aujourd’hui? », l’agriculture biologique -reconnue par la loi en 1980- n’en est encore qu’à ses débuts: « En France, elle ne représente aujourd’hui que 2% de la SAU (surface agricole utile), alors qu’elle occupe 6% de la SAU en Italie et 13% en Autriche. » Pour lui, « le bio est en panne en France depuis 2002 ». Pourquoi ce sur-place? Antoine Bosse-Platière invoque, entre autres « le manque de volonté politique, de recherche et de formation, mais aussi le manque de structuration de la filière bio, le prix du bio, la question des OGM ».

Une émulation positive

Malgré tout, des agriculteurs et des agricultrices font le choix du bio, en France, dans le Trièves notamment, où le pourcentage de SAU bio est, en moyenne, dix fois supérieur à la moyenne nationale. Quelques-uns de ces producteurs étaient autour de la table pour témoigner et dire comment et pourquoi ils avaient sauté le pas: des néo-ruraux comme Stéphanie Gilles à Saint-Jean-d’Hérans, et Marie Faure à Cornillon-en-Trièves, des jeunes agriculteurs comme Jean-Marc Tatin à Le Percy, Thomas Jouan à Saint-Martin-de-Clelles, des plus anciens comme Jean-Louis Perrier à Lalley et Gérard Chevalier. Des convictions, des rencontres, des lectures, l’émulation qui s’est manifestée dans le Trièves pour l’agriculture biologique, expliquent en partie le choix du bio en dépit de l’ exigeant cahier des charges qu’implique ce mode de production.

Thomas Jouan témoigne : »Je suis sorti de l’école agricole entièrement formaté mais pas en bio. Pratiquement pas un mot tout au long de la formation. Une fois installé, en 1980, chaque fois que j’allais faire des épandages d’engrais, je me sentais mal à l’aise… » D’où le choix de l’agriculture biologique, l’obtention du label. « Une démarche importante », précise le jeune agriculteur. « On s’engage avec l’Etat et on va même jusqu’à payer pour se faire contrôler! ».

Jean-Marc Tatin, certifié bio depuis 1989: »Quand je me suis engagé dans l’agriculture biologique, j’étais seul. J’ai appris beaucoup de choses en suivant une formation dans le Diois. Et puis il y a eu un effet de groupe dans le Trièves ».

Pour Stéphanie Gilles, maraîchère, installée « en libre » (sans aides) depuis 5 ans, c’est d’abord le choix du métier d’agricultrice qui a prévalu. « Ce n’est pas qu’un métier, c’est un mode de vie. C’est un peu comme…être moine! (rires autour d’elle). Mais, pour moi, c’est un rêve que j’ai réalisé. Et même si c’est difficile, ça ne tourne pas au cauchemar ».

L’avenir du bio? Parmi le public présent à cette table ronde, plusieurs personnes pensent que le bio ne peut que se développer. Mais des inquiétudes se manifestent. Certains pensent, en effet, qu’il y a de bonnes raisons de veiller à ce que le cahier des charges très strict qui réglemente l’agriculture biologique, à l’échelon national comme européen, ne soit pas insensiblement sacrifié « aux intérêts supérieurs de la grande distribution ».
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Gilbert

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