Le gel en Isère: les dégâts s’annoncent importants

Jean-Louis Guerry est arboriculteur et maire de Chanas. Il fait partie des derniers agriculteurs à accéder à cette fonction.”C’est mon deuxième mandat, aux dernières élections j’ai réussi à entraîner dans cette aventure un jeune agriculteur double actif “.

Sacrée performance pour cette commune qui ne compte plus qu’une dizaine d’agriculteurs, pratiquement tous arboriculteurs et qui viennent de subir des dégâts importants suite au gel de Pâques.

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“Nous sommes une grande majorité d’arboriculteurs et la conjoncture ne nous aide pas en ce moment. On subit de plein fouet le fléau de la sharka et on vient de passer un week end pascal dantesque avec des gelées qui ont fait beaucoup de dégâts.”Par contre notre arboriculteur n’ose avancer de chiffres.” Il est trop tôt pour faire un bilan précis de la perte de récolte. Il faut attendre plusieurs jours pour bien appréhender l’étendue des dégâts.” Il pense cependant que certaines variétés moins résistantes seront anéanties, la pêche sanguine par exemple.

Jean-Louis Guerry exploite 40 hectares de pêchers, pommiers et fraises. “Sur notre plateau qui est une moraine glaciaire caillouteuse, on ne peut pas faire grand chose d’autre”, dit il avec un certain désarroi, et cela lui pose problème, on le verra plus loin.

Pour en revenir au gel :”Il s’est agi d’un véritable gel d’hiver avec des températures qui sont descendues brutalement jusqu’à -3, -4 degrés. La floraison des arbres étant en avance, le gel a pu faire les dégâts à sa guise”. Et pas de parades possibles, ose t-on demander? “Bien sûr, il y a des solutions plus ou moins efficaces comme l’irrigation, des braseros, des bougies de paraffine, des hélices qui en tournant brassent de l’air, mais il s’agit de mesures contraignantes à mettre en place et onéreuses. Comme beaucoup, Jean-Louis Guerry n’a rien pu faire.

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Idée pertinente, pas retenue…

“De plus, je ne suis pas assuré. Ça coûte trop cher”. Et de faire une proposition qui pour l’instant n’a pas trouvé preneur et pourtant…. “Il s’agit d’ouvrir une réserve alimentée pour moitié par l’agriculteur et pour moitié par l’État. En cas de besoin, l’agriculteur pioche dans cette réserve. A la cessation de son activité, l’agriculteur récupère ses fonds, ceux versés par l’État servant de fonds de départ pour le repreneur”.

En attendant, Jean-Louis Guerry tout comme les arboriculteurs frappés par ce gel s’attend à passer un été difficile.”Pas ou peu de récoltes, nos revenus seront faibles. De plus, on va perturber notre vie économique locale car nous employons une certaine masse de main d’oeuvre saisonnière. Ce ne sera pas le cas cette année.”

Cherche repreneur

Jean-Louis Guerry a un autre souci et pas des moindres. Avec son épouse, il souhaite passer la main, l’heure de la retraite ayant sonné pour lui, celle de sa femme approchant à grands pas.

“Je ne trouve pas de repreneurs. Je me suis inscrit, il y a plusieurs mois au répertoire de l’installation orchestré par l’Adasea. Depuis, je n’ai eu qu’une visite, elle a été négative. Comme vous le savez, nous sommes situés sur un plateau issu d’une moraine glaciaire, caillouteux, on est victime de la sharka, comment voulez-vous qu’un jeune s’installe à notre place ? Pourtant quand tout tourne rond, elle est viable…”

Jean-Louis Guerry vit en plein doute mais ça n’entache pas son moral, loin de là : “On en a vu d’autres et on s’en est toujours bien sorti! ”

En attendant il espère que le gel ne s’abattra pas une nouvelle fois sur les vergers : “Une année, il a gelé le 22 avril”…Espérons que l’histoire ne se renouvellera pas.

Gilbert

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