La fièvre des produits agricoles

Les chiffres de l’INSEE, institut national de la statistique et des études économiques, l’attestent: les prix agricoles ont grimpé en juin (+1,5% en données corrigées des variations saisonnières), affichant un écart de 5,7% par rapport à ceux de juin 2006, année où ils avaient déjà augmenté de 5,2%. Cette fièvre coïncide avec une situation de pénurie de produits agricoles à l’échelle européenne et mondiale

Ce sont les prix des céréales qui affichent la plus forte augmentation, dans l’Hexagone: + 52,6% par rapport à juin 2006. Du simple au double en un an. Cette flambée des prix, dans un contexte d’intensification de la demande mondiale et de développement des biocarburants, est, selon les experts, sans précédent depuis la fin des années 80. Pour expliquer cette situation, la Coordination rurale montre du doigt la politique agricole commune européenne: “Les réformes successives de la PAC ont provoqué ce résultat incroyable: l’approvisionnement de notre marché alimentaire et le prix des productions agricoles sont maintenant déterminées par le libre marché. C’est lui seul qui va s’occuper de ce bien vital qu’est la nourriture!”, souligne l’organisation dans un communiqué. “Puisque le marché des céréales et des oléagineux ne répond plus à la demande, il flambe”, poursuit la Coordination rurale. “La Commission ayant vendu depuis la fin du printemps quasiment tous ses stocks qui lui permettaient de réguler l’offre et de garantir l’approvisionnement des populations, nous assistons maintenant à une ruée des spéculateurs et des fonds de pension qui viennent nourrir leurs profits sur les marchés à terme”.

Reste que cette flambée, en dépit des menaces de spéculation évoquées, est appréciable pour les producteurs, et la Coordination rurale “se félicite de la remontée du prix des céréales qui est maintenant proche de leur coût de production et qui ne fait que retrouver ses niveaux d’il y a vingt ans.”

Le consommateur, pour sa part, sait bien que cette augmentation n’est pas sans conséquence sur certains produits alimentaires courants, qu’il s’agisse du porc ou du poulet, des pâtes ou de la semoule, et, dans une moindre proportion, de la baguette de pain.

Le prix de l’assiette

La filière fruits et légumes, toujours selon l’INSEE, connaît des hauts et des bas. L’abricot se distingue, avec un bond de 38,6%, ainsi que la cerise avec + 22,5%. Un bémol pour la pêche nectarine qui a du mal à s’écouler. Les légumes affichent une hausse de 4,7%. Exception faite pour la pomme de terre primeur qui perd 16,1% par rapport à l’année précédente, pour la courgette (-18,3%) et le concombre (-6,9%) ainsi que pour la betterave sucrière.

Les oeufs enregistrent une hausse de +26,5% en glissement annuel, de même que le beurre (+4,5%). Les poulets affichent une hausse de +10,2% par rapport à l’an dernier.

Bonne tenue pour les vins, de table ou d’appellation, qui affichent eux aussi des prix en hausse, respectivement de +8,5% et de + 5,9% en glissement annuel.

Les consommateurs français -et européens- l’ont déjà constaté mais cet été 2007 aura été une confirmation : il leur faut payer plus cher les produits qu’ils veulent avoir dans leur assiette et sur leur table. Une réalité d’importance qui risque de durer aussi longtemps que l’offre ne satisfera pas la demande à l’échelle de la planète.

Gilbert

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