DéMUNI FACE à LA SHARKA

Jacky Chevallier est arboriculteur à Bougé Chambalud depuis 1981. Il a bien pensé son affaire : fraises au printemps, pêches en été et pommes en automne: “Cela me permet d’embaucher des saisonniers en début de campagne et de les garder jusqu’à la fin de la récolte de pommes”. Afin de garantir sa récolte de pêches, l’exploitant a investi dans un système d’irrigation et dans une éolienne: “Celle-ci, quand elle tourne brasse de l’air, cela évite aux pêchers de geler”.

Arbre sharké,arbre marqué et arrachésharka1.jpg

Jusqu’en 2003, l’exploitation tournait à plein régime.”Venue je ne sais comment, notre secteur a subi les premières attaques de sharka et j’ai dû arracher mes premiers pêchers. On dit que ça vient du puceron, je veux bien le croire, mais je reste persuadé qu’au départ il devait avoir des arbres contaminés dans la région, je pense en particulier à des plants que l’on a acheté contaminés et que l’on a planté.”

Quand la sharka est là que fait-on?
“On applique la fameuse règle des 10 %, à savoir que lorsqu’une parcelle a 10 % de ces arbres sharkés, il faut arracher tous les arbres plantés sur cette parcelle. Il n’y a pas d’autre alternative. Je vous laisse imaginer notre désarroi, mais également notre préjudice.”

On arrache, et après?
“Bonne question! Doit on replanter des arbres à noyau, prévoir d’autres cultures, on est vraiment désemparé. En ce qui me concerne, si je détruis tous mes pêchers, je n’ai plus de récolte d’été et je ne pourrais pas garder mon personnel. J’ai démarré avec 18 ha de pêchers, il ne m’en reste plus que huit”.

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Des trous dans la parcelle. Que planter?

“Je suis persuadé que dans trois à quatre ans, si l’épidémie se poursuit, je n’aurai plus aucun pêcher sur mon exploitation”.

“Cette année je vais encore être obligé d’en supprimer entre 2,30 ha et 2,50 ha. Autre souci à relever, la sharka attaque en priorité les jeunes arbres, cela veut dire qu’il ne reste plus que des vieux arbres, moins productifs.”

Vous arrachez des arbres et vous avez des aides…

“Déjà, il faut savoir qu’il n’y a pas d’assurance qui couvre cette calamité. Au niveau des aides, en 2003 et 2004 nous en avons eu, celles-ci couvraient les coûts d’arrachage et de replantation. Ensuite, elles ont été supprimées, mais a priori elles devraient à nouveau nous être octroyées”.

“On parle de 5 000 €/ hectare, c’est une goutte d’eau au milieu de la mer.”

Jacky Chevallier essaie de ne pas ceder au découragement “même si nous sommes démunis face à cette maladie qui avance. Je fais tout ce que je peux vous sauver mon exploitation. Et croyez-moi, parfois, c’est ma santé qui trinque.

En 2003 et en 2004, j’ai replanté en pommiers et en abricotiers. Hélas, tous mes efforts ont été anéantis car les abricotiers sont aussi sharkés. Je me pose déjà la question de savoir comment je vais gérer mon personnel permanent et saisonnier l’année prochaine.”

Avez-vous eu l’idée de tout plaquer?
“Je ne peux même pas y penser, j’aime mon métier, le fruit, chaque fois que je dois que doit arracher un arbre, je suis malade. j’ai également des crédits que je dois assumer, une famille de faire vivre, des salaires à sortir, rajoutez à cela le matériel, les bâtiments. Parfois je suis découragé mais il est hors de question que je laisse tout tomber et pourtant on est au pied du mur, on ne sait plus que faire”.

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Un investissement qui ne servira plus dans quelques années, si la sharka poursuit sa marche en avant

Comment se présente la récolte des pommes?
“On est en fin de récolte, les fruits ont un beau calibre, une très bonne qualité gustative, reste la question essentielle: se vendront-ils?”

Les prix
“Pour l’instant, ils se tiennent pourvu que ça dure…”

Voir article consacré à la signature d’une charte anti sharka, rubrique arboriculture

Gilbert

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