Grenelle: ce que veulent les consommateurs

A la veille du dernier tour de négociations du Grenelle de l’environnement, l’UFC-Que Choisir rend publiques ses principales positions sur les rapports qui ont émergé des six groupes de travail :

– Energie : Oui aux alternatives – Non à la taxe carbone sur les carburants.

L’UFC-Que Choisir est fermement opposée à l’augmentation des taxes sur le carburant (taxe carbone) car elle aura un impact très négatif sur le pouvoir d’achat et parce qu’elle ne permettra pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En effet, le constat empirique démontre que l’augmentation du prix du carburant n’a pas d’impact sur la consommation de pétrole : depuis 1995, les prix TTC du carburant ont augmenté de 63 % ce qui n’a pas empêché la consommation de croître de 8 %. L’explication de ce phénomène est simple : l’usage du carburant est souvent très contraint parce que nombre de consommateurs ne disposent pas d’alternatives.

La clé du problème tient ainsi dans la captivité du consommateur à qui il faut proposer des moyens concrets pour diminuer son usage de pétrole. Dans ce cadre, les propositions visant à accroître les budgets consacrés aux transports collectifs, au fret ferroviaire et à l’acquisition de moteurs économes sont soutenues par l’UFC-Que Choisir.

– Déchets ménagers : un bel accord a été trouvé sur la tarification incitative.

L’inter-groupe déchets a permis aux différentes parties de s’entendre sur un nouveau mode de financement des déchets ménagers : la taxe d’enlèvement des ordures, qui est assise sur les critères de la taxe d’habitation, serait remplacée par une redevance payée selon le poids des déchets émis par le consommateur. Cette mesure, soutenue par l’UFC-Que Choisir lors de l’inter-groupe, permettrait d’inciter à la maîtrise des comportements d’achat pour réduire les volumes d’ordures ménagères.

– Pollution de l’air intérieur : zéro pointé.

Alors même que les tests menés par l’UFC-Que Choisir ont montré que de nombreux produits de grande consommation sont très nocifs pour la santé (parfums d’intérieur, peintures, meubles, etc.) le Grenelle n’a retenu qu’une vague proposition de développer les tests d’émissions.En sachant que l’air intérieur est cinq fois plus pollué qu’à l’extérieur, il est pourtant nécessaire d’interdire à l’horizon de 3 ans les substances reconnues dangereuses par l’OMS et la Commission européenne (formaldéhyde, radon, benzène, etc.), de prévoir un étiquetage négatif pour d’autres substances, sur le modèle des paquets de cigarettes, et de rendre systématiques les tests d’émissions.

– Protection de la ressource aquatique : retenir les propositions fortes du groupe de travail.

Même si elles sont peu hiérarchisées, certaines propositions du groupe de travail sont tout à fait pertinentes et démontrent que la loi sur l’eau de 2006 a été un modèle d’immobilisme.

Dans la mesure où les agriculteurs, victimes d’un système de subvention anti-écologique, sont les principaux responsables de la pression sur l’eau (pesticides, nitrates, sécheresse), il est nécessaire de leur proposer un nouveau cadre d’incitation financière qui permette d’accompagner le changement des modes de production.

Le groupe de travail du Grenelle rejoint ainsi l’UFC-Que Choisir en proposant de transférer 400 millions d’euros des aides du premier pilier de la PAC, qui favorise le productivisme, pour les affecter aux aides agro-environnementales. Il est aussi suggéré d’accroître fortement les redevances pesticides et nitrates payées par l’agriculteur dont le produit devrait servir à aider la profession à diversifier ses cultures.

– L’étiquetage écologique des produits : oui mais….

L’UFC-Que Choisir a toujours soutenu l’idée de sensibiliser les consommateurs sur l’impact écologique de leurs achats et propose depuis plus de dix ans des indicateurs environnementaux pour certains de ses tests de produits.

Nous adhérons donc à la proposition de Jean Louis Borloo tout en soulignant, par expérience, les grandes difficultés méthodologiques que pose la notation environnementale des produits. Comme le montre, par exemple, la grande controverse autour des biocarburants, la réalisation de bilan écologique fiable est un processus parfois difficile. Une sérieuse concertation est ainsi nécessaire afin d’éviter que le système de notation ne soit détourné à des fins commerciales.

Gilbert

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