Parce qu’ils agissent sur des organismes vivants, les pesticides ont des effets souvent néfastes pour d’autres plantes ou organismes vivants, et même pour la santé humaine. Les députés européens ont fait hier un premier pas vers la réduction de l’utilisation de ces produits dont on trouve des traces dans les sols, l’air et l’eau (une étude estime qu’en France, 90 % des rivières et 50 % des nappes phréatiques sont contaminées), ainsi que des résidus dans la nourriture.
Plusieurs études scientifiques ont ainsi démontré que même à de faibles taux de concentration, certains pesticides altèrent la production d’hormones du système endocrinien, sont cancérigènes ou modifient les gènes. Face à ce constat, l’Union Européenne a décidé de modifier sa législation et notamment d’encourager la réduction de l’utilisation des pesticides. A Strasbourg, les députés européens ont étudié lundi trois rapports et ont voté ces rapports aujourd’hui. Reste aux Etats-membres à se prononcer : la présidence portugaise de l’UE espère parvenir à un accord lors du prochain Conseil Agriculture, le 26 novembre.
« Chaque année en Europe, on produit plus de 200 000 tonnes de pesticides, soit 25% de la production mondiale, pour seulement 4% de terres agricoles ! », a expliqué la députée allemande Hiltrud Breyer 5Verts/ALE), auteur du rapport sur les autorisations de mise sur le marché des pesticides. Or, c’est justement la quantité de produit utilisé qui doit être modérée, comme l’a expliqué l’Allemande Christa Klass, auteur du rapport sur l’usage des pesticides dans l’agriculture: « La dose fait le poison. Une pilule pour dormir peut faire du bien, mais en prendre trop peut être fatal ! ».
A noter: la France est aujourd’hui le troisième consommateur mondial de pesticides et le quatrième consommateur européen par hectare cultivé.
Les trois rapports votés par les députés européens:
– Une stratégie thématique concernant l’utilisation durable de ces substances
Le rapport de la députée slovaque Irena Belohorska se prononce positivement sur la stratégie présentée par la Commission européenne en 2006. Il appelle cependant les Etats membres à promouvoir une agriculture consommant moins de pesticides, et donnant la priorité aux alternatives non chimiques. De même, le rapport soutient des objectifs chiffrés nationaux de réduction de l’utilisation de pesticides, seuls à même d’inciter les Etats membres à agir.
– Autorisations de mise sur le marché : plus rapides, mais plus strictes
Avant de mettre sur le marché un nouveau pesticide, une procédure d’autorisation en deux étapes devra avoir lieu : les substances actives devront être autorisées au niveau européen, et les produits commerciaux au niveau national. Les députés soutiennent aussi l’interdiction des substances génotoxiques (qui modifient les gènes), carcinogènes (qui provoquent le cancer), toxiques pour la reproduction ou comportant des effets perturbateurs du système endocrinien. La Verte allemande Hiltrud Breyer est l’auteur de ce second rapport débattu en plénière.
– Réduire l’usage des pesticides dans l’agriculture
Comment utiliser de manière durable et responsable les pesticides ?Le rapport de Christa Klass (PPE-DE), demandait aux députés de s’accorder sur un objectif européen chiffré de réduction de leur utilisation : 25% de réduction d’ici à 5 ans, 50% d’ici à 10 ans. Cette proposition sera mise au vote mercredi. Reste que la commission Environnement s’est déjà prononcée en faveur d’une interdiction de l’épandage aérien des pesticides, à cause du risque pour les environnements sensibles et les zones peuplées.