Ils sont Hollandais, Suisses, Anglais ou Italiens et ont choisi de venir s’installer comme agriculteurs sur le sol français. Parmi les motivations de cette décision, le prix du foncier, moins élevé en France qu’ailleurs car contrôlé. Mais aussi le manque de place dans son propre pays. C’est le cas pour les Pays-Bas, où la densité de population est l’une des plus fortes de la planète (740 habitants/km2) et l’agriculture l’une des plus intensives et des plus « industrialisées » du monde. La terre agricole hollandaise demeure la plus chère d’Europe et la demande est forte : ce qui explique que les Pays-Bas sont aussi exportateurs d’agriculteurs.
S’installer dans un autre pays que le sien est une démarche volontariste qui demande une réelle détermination. Sans les rudiments de la langue, le parcours du candidat à l’installation venu d’ailleurs, n’est pas des plus simples, d’autant plus que le système agricole français passe pour plus complexe que dans d’autres pays d’Europe.
La SAFER , notamment à travers son site terresdeurope.net, s’emploie à aider ces candidats, leur donnant toutes les clés permettant de mener à bien leur projet. Selon les chiffres de la SAFER , le nombre d’installation « Jeunes agriculteurs » de candidats de nationalité étrangère est d’environ 46/an (moyenne annuelle entre 2000 et 2004), c’est à dire environ 0,73% du nombre total d’installations bénéficiant des aides Jeunes agriculteurs par an en France.
Qui sont-ils et d’où viennent-ils?
– 90 % des acquéreurs étrangers sur le marché rural français viennent de l’Union Européenne et de la Suisse.
– 85 % des acquéreurs étrangers proviennent du Royaume Uni, de l’Irlande, des Pays Bas ou de la Belgique.
Les premiers acquéreurs (en nombre) sont les acquéreurs de nationalité britannique, à la fois sur le marché agricole et non agricole (maisons à la campagne).
Selon les chiffres de l’INSEE, le nombre de ces agriculteurs venus de l’Europe était de 10 100 en 1991, de 4639 en 1996, et de 6715 en 2001.
Parmi les exemples récents, ce couple de Hollandais qui a choisi de s’installer en élevage laitier à Puy-Saint-Pierre, petite commune des Hautes-Alpes qui a mené à bien, en bénéficiant de fonds de la Région et du Département, un projet de ferme communale. Une façon originale, en maintenant un élevage sur le territoire de la commune, de faire face à une déprise agricole, dont les effets commençaient à se faire sentir.
Sillon38 a interrogé Jean-Marie Barnéoud, maire de Puy-Saint-Pierre:
Avez-vous bénéficié de fonds européens pour ce projet?
« Non, pas un centime. On nous avait bien promis des fonds mais apparemment, il n’y avait plus de crédits européens pour nous ».
Est-ce que les candidats ont été nombreux à postuler cet emploi?
« Nous avons bien failli n’en avoir aucun. Avec l’aide de la Chambre d’Agriculture, nous avons fait un appel sur le département. Comme nous n’avions aucune réponse, la Chambre a élargi la diffusion de l’appel d’offre. C’est alors que s’est présenté un Hollandais qui était fromager dans une ferme de Limoges. Son patron étant décédé, il souhaitait changer de région ».
Et il convenait au profil que vous souhaitiez?
« Oui, il convenait tout à fait. C’est un homme de 42 ans qui sait travailler, qui a de l’expérience puisqu’il a passé 14 ans dans cette ferme de Limoges et qui a obtenu trois médailles pour ses fromages ».
Il s’installe donc dans un bâtiment tout neuf?
« Oui, un bâtiment tout neuf qui est une ferme communale, la première du département ».
Les créations de fermes communales ne sont pas vraiment courantes. Le principe est que la commune est propriétaire des murs et que l’exploitant verse un loyer. Il en existe une à Saint-Clément, en Ardèche, depuis 2002, une à Sainte-Croix-en-Jarez, dans le Parc du Pilat, une à Lajoux, dans le Jura. Mais cette liste est loin d’être exhaustive. Si vous en connaissez d’autres, faites-nous signe.