Des scieries artisanales résistantes

L’une des forces de la Chartreuse est de conserver des scieries artisanales (seize au total, entre Isère et Savoie) implantées jusqu’au coeur du massif, et en capacité de transformer les 2/3 de la récolte annuelle de bois résineux. Cette résistance fait aujourd’hui figure d’exception parmi les zones de montagne des Alpes du Nord où les scieries ont rejoint les vallées, près des grands axes de circulation. En Chartreuse, le nombre de ces entreprises est resté stable au cours des quinze dernières années. On note même une augmentation du volume de bois transformé par les scieries: elles transforment 60 000m3 de grumes, produisant 34 000m3 de sciages. Un signe de la dynamique qui anime le secteur bois-forêt sur le territoire du Parc naturel régional de Chartreuse.

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Interview de Jean-Luc Rey, scieur à Saint Pierre d’Entremont et vice-président du CIBC (Comité interprofessionnel du bois de Chartreuse).

Quelle est la nature de votre activité ?

Avec mon frère, nous avons repris la scierie familiale en 1986. Nous avons modernisé cet outil en investissant dans des machines pour améliorer notre productivité. En 2006, nous réalisons 3 500 m3 de débit avec 8 salariés. Le coeur de notre activité est le débit sur listes pour les charpentiers. Nous fournissons aussi quelques distributeurs locaux de réseaux comme la Samse. Nos sous-produits sont écoulés auprès des papeteries de Tarascon. Depuis peu, nous nous sommes lancés dans la fabrication de bois-énergie pour valoriser nos connexes de scierie.

Le contexte économique est-il difficile pour les scieries ?

Les grandes scieries allemandes très industrialisées concurrencent fortement les scieries françaises. Sur le territoire national, une scierie disparaît toutes les semaines. Quelques grandes scieries se partagent 80 % du marché français. L’arrivée massive des bois scandinaves et des pays de l’Est vient perturber le marché. A l’image des 16 scieurs de la Chartreuse, nous avons des marges très faibles, des investissements machines lourds et un problème d’exploitation des bois.

Y a t-il des débouchés pour les petites scieries ?

Les demandes spécifiques ne peuvent pas être traitées par les grandes scieries. Nous travaillons beaucoup avec les charpentiers pour les constructeurs locaux. Nous avons aussi l’espoir que le bois-énergie se développe en remplacement d’une partie des énergies fossiles. L’AOC « Bois de Chartreuse » peut également nous permettre de nous différencier de la concurrence. Historiquement, les bois scandinaves se sont démarqués en créant la marque « bois du nord ».

Faut-il s’entraider au sein de la filière ?

Le côté novateur du CIBC est d’apprendre à travailler tous ensemble. Les mentalités évoluent. Les petites scieries vont devoir s’associer sur des outils communs comme les séchoirs. L’Interprofession bois de Chartreuse a lancé une étude collective sur les scieries du territoire. Elle va permettre de trouver ensemble des « pistes de progrès » optimisant l’organisation, réduisant les pertes de temps et améliorant de la rentabilité de notre outil.

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Gilbert

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