L’art et la manière de conduire une exploitation

On appelle aussi cela le management. Il paraît que ça s’applique également à l’agriculture. C’est, en tout cas, sur ce thème de la conduite d’une exploitation (gestion du temps et de l’argent, organisation du travail, prise des décisions, relations entre associés, relations entre père et fils, etc.) que le Comité départemental de l’Isère avait convié aujourd’hui à Salagnon des jeunes en formation et des candidats porteurs d’un projet agricole ou rural. Ils étaient 200 dans la salle du foyer communal, venus de six établissements d’enseignement agricole, publics et privés: le CFPPA et le lycée agro-environnemental de La Côte-Saint-André, le lycée horticole de Grenoble-Saint-Ismier, les MFR de Mozas, Vif et Chatte, pour participer à cette 13e journée Installation sous-titrée “Entre esprit d’entreprendre et esprit d’entreprise”.

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Près de 200 élèves étaient présents ce mardi dans la salle du foyer communal de Salagnon

Eric Greffe-Fonteymond, président du Comité départemental d’installation a bien voulu répondre aux questions de Sillon38:

Quel est l’objetif d’une telle journée?

“C’est de permettre aux jeunes de se poser les bonnes questions pendant leur formation agricole”.

Il y a environ 250 candidats par an à l’installation en Isère. La transmission, le renouvellement des générations, qui est une priorité pour les JA, se passent elles bien dans notre département?

“Nous arrivons dans une période où les transmissions d’exploitations vont être importantes du fait que nombre d’agriculteurs, nés après-guerre, atteignent l’âge de 55 , 60 ans. Et ce n’est pas systématiquement le fils ou la fille qui vont reprendre l’exploitation. On voit également des petits-fils se porter candidats et pas forcément sur l’exploitation d’un parent. On voit également des jeunes venus d’autres départements. J’en connais un, venu de la Marne, qui s’est installé à Moirans pour faire de l’élevage d’escargots. On voit aussi pas mal de reconversions. Des porteurs de projets qui ont 35 ans. D’une façon générale, l’âge d’installation recule”.

L’installation hors cadre familial pose t-elle davantage de problèmes au jeune agriculteur?

“Pas sur le plan économique, en tout cas. C’est la même chose. On part avec le même capital. Mais, en plus de son activité, c’est l’intégration dans le milieu social qu’il faut réussir. Le jeune qui s’installe tout seul ne doit pas avoir peur de faire connaître son projet, d’entretenir des relations avec le milieu agricole”.

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Des tables rondes avec des points de vue d’experts et des témoignages d’exploitants

Plusieurs experts (Yves François, Vincent Schneider, Roland Primat, Bernard Thuillier, Jean-Paul Jullien, Julie Ferrazzi) ainsi que des jeunes agriculteurs (Sébastien Jas, Hervé Annequin dont les exploitations ont servi d’études de cas) étaient présents pour animer les tables rondes organisées avec les élèves. Au coeur du débat donc, cette problématique: quelles sont les clés d’une bonne organisation? Qu’est-ce qu’un bon manager? Quelles priorités? Quelques éléments de réponse, en vrac, glanés au fil des échanges:

– savoir ce qu’on veut faire de son temps

– ne pas délaisser le qualitatif par rapport au quantitatif

– ne pas se consacrer uniquement à la production

– apprendre à déléguer pour entreprendre

– adopter des solutions collectives (assolement en commun, Cuma, entraide, rationnalisation du parcellaire…)

– penser qu’il existe un service de remplacement

– privilégier la relation humaine

– pouvoir compter sur l’avis d’une personne extérieure, une sorte de médiateur

– réagir comme sur un bateau, en réduisant la voilure en fonction de la météo (autrement dit prendre les bonnes décisions au bon moment)

Le chapitre de la gestion des relations humaines a été abordé, notamment, à travers l’exemple de la ferme de Sainte-Luce (dans le Beaumont) exposé par Vincent Roze, l’un des gérants de cette entreprise de 8 personnes (4 associés, 4 salariés) qui fait du pain et du fromage. Il a raconté comment, six mois avant l’installation en 2001, les quatre associés (dont un Russe) se sont livrés à un travail de réflexion, à partir d’un questionnaire que leur a proposé un ami, spécialiste des relations humaines dans l’entreprise. Des questions de fond, des questions parfois ludiques, comme celle-ci:”Si votre projet était un film, quel serait le titre du film?”

Pour Vincent Roze:”Le coeur de l’entreprise, c’est la relation humaine”. Il évoque aussi le rôle des femmes:”Oui, il faut souligner le poids que peuvent avoir les femmes. Extrêmement important. Plus que les hommes, elles sont à l’écoute de l’autre, elles s’efforcent de comprendre ce qui se passe en face. Et leur méthode est la bonne”.

Applaudissements dans la salle.

Gilbert

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