Sans aides publiques, pas d’alpages collectifs

Avec une centaine de groupements pastoraux, l’Isère figure dans le peloton de tête des départements montagnards pour l’organisation collective d’alpages. Le groupement pastoral du Sénépi veille depuis des lustres sur le bon fonctionnement de cette superbe montagne à vaches de 1200 ha, qui surplombe la Matheysine.

C’est le plus grand alpage organisé  du département et de l’Hexagone. Actuellement, 822 génisses appartenant à 42 éleveurs y sont pensionnaires. La descente est prévue le 9 octobre. C’est Sylvain Turc, le berger du Sénépi, qui  veille sur ce troupeau, parcourant chaque jour ce territoire d’altitude (entre 1200 et 1800m), à pied ou en 4X4.  Un métier qui le passionne. Une halte chez lui, à la bergerie, où il vit avec sa famille, nous en a convaincu. Pourtant, il y a un hic.

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L’alpage du Sénépi: 1200 ha qui surplombent la Matheysine

Le hic, c’est la sortie des CTE. Un problème qui avait déjà fait l’objet d’un débat en mars 2006, à Crolles, à l’occasion de l’AG de la fédération des alpages de l’Isère. François Brottes, député de l’Isère, y avait participé. La FAI qui, entre autres missions, agit comme force de proposition auprès des décideurs chargés de définir les politiques pastorales, a souhaité revenir sur cette question, estimant qu’il y a urgence. Pour cela, elle a réuni aujourd’hui sur le Sénépi, Michel Créchet, secrétaire général adjoint de la préfecture de l’Isère, Charles Galvin, vice-président du Conseil général de l’Isère chargé de la forêt, de la filière bois et de la montagne, Michel Villevieille, DDAF, René Jacquin, vice-président de la Chambre d’Agriculture de l’Isère, des maires des 7 communes concernées par l’alpage.

Le noyau dur du Groupement pastoral du Sénépi était bien sûr présent ainsi que des éleveurs d’autres groupements pastoraux. Une réunion au sommet, en quelque sorte, mais d’une grande convivialité. L’accueil, ça les connaît, ici au Sénépi. L’alpage accueille depuis 16 ans des scolaires et des touristes.

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Quel est le problème?

L’abandon en 2007 des contrats territoriaux d’exploitation (CTE) prenant en compte les systèmes pastoraux collectifs et répondant bien à la problématique des alpages, pénalise sévèrement les groupements pastoraux. Ces contrats, orientés sur le maintien des espaces à gestion extensive, ont créé des emplois saisonniers et permis la réalisation de travaux d’entretien et de débroussaillement. Le GP du Sénépi a obtenu le premier CTE collectif (2001-2006)

Aujourd’hui, on est passé -ou plutôt on est revenu- à la prime à l’herbe agri environnementale, la PHAE. Cette prime est attribuée à l’éleveur et non plus au groupement pastoral, lequel  enregistre une chute de recette annuelle importante. (ex: le GP Gresse-Bas-Dauphiné annonce une perte 2007 de 25 974€). Les conséquences: nécessité pour le GP d’augmenter les prix de pension, baisse du nombre des adhérents, suppression des postes d’aides-bergers, réduction de l’entretien de l’alpage, etc.

Le dialogue a montré, s’il en était besoin, l’attachement des éleveurs à leur alpage. Sur le Sénépi, l’investissement personnel de chacun et en particulier de Joseph Nier, qui préside la commission technique du GP, n’est plus à démontrer. “On a travaillé comme des forcenés”, dit l’un d’eux.  Bref, ce retour au régime de vaches maigres les attriste. Yves Raffin, directeur de la FAI, enfonce le clou:”Nous avons sauvé 35 000ha de la friche, doublé le nombre de bovins en alpages depuis les années 70. Grâce à ce travail sur le terrain, nous avons mis en valeur l’espace montagnard. On est en train de gâcher l’argent public qui a été investi!”

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Denis Rebreyend, président de la FAI et Fernand Sillon à qui il a succédé récemment

Charles Galvin, qui a toujours attaché une attention particulière à l’agriculture de montagne, souhaite une réflexion en commun sur la question, estimant que l’Etat ne peut se désintéresser du sort des alpages. Michel Créchet est OK. Il donne son accord pour la constitution d’un groupe de travail “pour mettre à plat la situation”. Le préfet, Michel Morin, sera informé dans les plus brefs délais. Les éleveurs peuvent donc raisonnablement s’attendre à une table ronde sur la sortie des CTE à la rentrée. C’est un pas en avant.

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Joseph Nier, figure du Groupement pastoral du Sénépi, présente l’alpage à Michel Créchet, secrétaire général adjoint de la Préfecture de l’Isère

Gilbert

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