Fin d’estive sur le Sénépi: le bétail au bercail

“Le CAC 40 peut bien faire ce qu’il veut, il faudra toujours en octobre descendre les génisses du Sénépi”. Voilà une sentence d’éleveur qui vaut son pesant de murçon.  Une chose est sûre: c’est qu’ici, on se trouve sur le plancher des vaches. C’est pas du virtuel. Et la démontagna n’a rien à voir avec la débandade. C’est organisé, c’est rituel, c’est convivial et l’on espère que ça va durer encore longtemps. On dit ça parce que les alpages collectifs comme celui du Sénépi se trouvent dans une situation délicate avec la sortie des CTE (voir notre précédent article sur ce sujet).

senepi-depart.jpg

Après avoir été acheminés dans cette bétaillère, les participants de cette opération s’apprêtent à remonter la montagne

Une descente d’alpage, comme celle du Sénépi, ça commence… par la montée. Rendez-vous à 8h du mat’ aux Signaraux, commune de La Motte-d’Aveillans. Temps frisquet et brouillardeux. Sylvain Turc, le berger, nous attend avec son tracteur tout terrain, équipé d’une pelle mécanique devant et d’une bétaillère derrière. On n’y mettrait pas plus de deux vaches, deux vaches et demi, dans cette bétaillère.  On y rentre à quarante, bien tassés. Plus cinq personnes dans le godet de la pelle. Total: pas loin de 50 individus avec le chauffeur, Sylvain, et ses passagers dans la cabine. Et c’est parti pour un voyage sportif d’une heure qui nous emmène de 1200m jusqu’à 1800m. Le terrain est gras et glissant. Mais Sylvain tient le cap. Il ferait la route les yeux fermés.

Une fois arrivés de l’autre côté de la montagne, près du chalet du berger, la mission consiste à rapatrier aux Signaraux les 822 génisses -pas une de plus, pas une de moins- qui ont passé quatre mois d’estive sur cette prairie d’altitude de 1200 ha. Une pension de rêve pour un ruminant. Elles ont pris du poids et du coffre.  Elles sont en pleine forme. Désolés, mais c’est l’heure de rentrer au bercail.

senepi-vaches.jpg

Des génisses dans le paysage

Joseph Nier et Sylvain Turc, les stratèges de l’opération, suivis comme leur ombre par leurs chiens, communiquent en permanence par talkie-walkie.  On a repéré une vache qui boite. Il va falloir l’isoler et la redescendre par d’autres moyens. Ambiance far west et cow-boys. Mais là, tous ceux qui participent ne sont armés que de bâtons. La méthode: former une ligne , une sorte de filet, et avancer en veillant à ce qu’ aucune UGB ne passe entre les mailles. Le brouillard, au sommet de la montagne, ne facilite pas les choses. Il faut tendre l’oreille: on mesure l’utilité des les sonnailles dans ces circonstances.

senepi-joseph-nier.jpg

Joseph Nier, dans la pente, suivi de son chien

Une bonne expérience pour les jeunes en apprentissage. Ils sont une  trentaine, garçons et filles, venus de la Creuse pour participer à cette fin d’estive. C’est Jean-Marie Davoine, membre actif de la Fédération des alpages de l’Isère, qui joue les éducateurs et leur fait découvrir le plus grand alpage collectif du département de l’Isère et de l’Hexagone.

senepi-chaine.jpg

La descente est terminée. Tout s’est bien passé. On a vu deux chevreuils et un lièvre, filer devant l’arrivée bruyante du bétail. Les chiens ont été d’une aide précieuse. Mais tout le monde a mouillé la chemise dans la pente.  Le terrain étant glissant, il fallait s’accrocher! Alors, une fois en bas, la pause casse-croûte est appréciée.

senepi-pause-apero.jpg

Demain sera un autre jour. Les 822 génisses passeront dans le corral pour divers examens et les 42 éleveurs à qui elles appartiennent pourront ensuite les ramener au bercail. Ainsi va la vie sur le Sénépi.

senepi-bilan.jpg

Revenus aux Signaraux, Joseph Nier et  Sylvain Turc font le bilan

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page