A la demande de la Commission européenne, Eurostat publie au mois de décembre de chaque année un compte agricole prévisionnel pour l’ensemble de l’Union européenne. Comme chaque Etat membre, la France est donc amenée à établir un compte prévisionnel. Afin qu’il soit analysé avec les professionnels préalablement à sa publication dans un cadre européen, le compte français est présenté en France à la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation de décembre. Son établissement est rendu possible par un suivi statistique agricole développé de longue date, ainsi que par l’existence de nombreux organismes intervenant dans la mise en œuvre de la politique agricole.
L’INSEE qui publie ce rapport, indique que selon les comptes prévisionnels de l’agriculture établis pour l’année 2008, la valeur de la production agricole hors subventions augmenterait de + 3,9 % et son volume de + 3 %. Cette évolution résulte de mouvements de sens contraires des volumes et des prix des différents produits.
En volume, ce sont les productions végétales qui tirent la croissance (+4,4 %). Les conditions climatiques de 2008 ont été favorables à certaines productions (céréales), défavorables à d’autres (fruits). En contrepartie, leurs prix baissent (- 5 %), tirés par l’effondrement des prix des céréales (- 21,0 %), oléagineux et protéagineux alors que l’augmentation des prix des pommes de terre, des fruits et des vins est pourtant sensible. Globalement, la valeur des productions végétales resterait quasiment stable hors subventions (- 0,8 %).
A l’opposé, la production animale connaîtrait globalement une faible croissance en volume (+ 1,1 %) mais progresserait très sensiblement en valeur (+ 11,6 %) du fait des prix. Les évolutions de prix sont cependant contrastées. L’aviculture, dont l’activité se redresse après la crise aviaire de 2006, pratique des hausses de prix importantes, répercutant ainsi l’augmentation du prix des aliments. Le prix du lait bénéficie d’un contexte international favorable en début d’année. Les prix du bétail augmentent de façon plus modeste, à l’exception du prix des veaux qui diminue.
Pour l’ensemble de la branche, la valeur des consommations intermédiaires augmenterait fortement en 2008 (+ 11,6 %), pour la deuxième année de suite. Les prix de la plupart des produits consommés augmentent fortement, qu’il s’agisse de l’énergie, des engrais ou des aliments pour animaux : hors intraconsommations, l’augmentation des prix des consommations intermédiaires atteint + 10,0 %. Par ailleurs, le recours aux engrais et produits de protection des cultures a été accru en volume.
Baisse de 9% du résultat agricole net par actif
Selon les données prévisionnelles 2008, la hausse des consommations intermédiaires (+ 11,6 %) serait donc sensiblement plus forte que celle de la production au prix de base (+3,8 %). Il en résulterait une forte baisse du résultat agricole net (- 9 %). L’emploi diminuant (-1,9 %), le résultat agricole net par actif baisserait de 7 %. Compte tenu de la hausse du prix du PIB attendue (+2,3 %), le résultat agricole net par actif en termes réels baisserait de 9 % en 2008, après une augmentation de 11 % en 2007.
La rémunération des salariés, le fermage et le remboursement des intérêts étant pris en compte, le revenu net d’entreprise de la branche agricole baisserait sensiblement en valeur nominale (- 16 %). Comme l’emploi non salarié baisse de façon tendancielle (- 2,8 %), par actif non salarié, sa baisse est un peu plus faible (- 13,5 %).
Déflaté par l’indice de prix du PIB (+ 2,3 %), le revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié en termes réels serait diminué de 15 % en 2008, après avoir crû de 17,5 % en 2007.
Alors que ces deux indicateurs de revenu — résultat et revenu d’entreprise — évoluaient favorablement depuis deux ans, le retournement de 2008 est brutal. Le renchérissement des intrants en est la cause majeure. Mais l’année 2008 montre de fortes disparités entre les différentes activités agricoles tant sur l’évolution du volume des productions que sur celle des prix.
