L’Isère fait bloc pour préserver ses abeilles

Depuis une dizaine d’années, le taux de mortalité de colonies d’abeilles inquiète non seulement les apiculteurs mais aussi  les collectivités locales et territoriales, soucieuses de développement durable (lire nos articles précédents).

Christian Nucci, vice-président du Conseil général chargé de l’Agriculture et de l’Equipement des territoires, qui attache une attention particulière au sort de ces indispensables insectes pollinisateurs, est à l’origine du contrat Apiculture durable passé le 25 juin 2007 avec huit partenaires: la Chambre d’Agriculture, le GDS section apicole, le syndicat apicole dauphinois, les Apiculteurs viennois, l’Abeille dauphinoise, le fédération des chasseurs de l’Isère, le syndicat des apiculeurs rhône-Alpes, l’ADARA (association pour le développement de l’apiculture en Rhône-Alpes). Un partenariat qui fait la fierté de l’Isère , seul département, souligne Christian Nucci, à en avoir eu l’initiative. « Un partenariat imposé par la nature et ses lois », ajoute t-il.

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Autour de Christian Nucci, Vincent Clair, représentant de l’ADARA, Association pour le développement de l’apiculture rhônalpine, Claude Merle, président de l’abeille dauphinoise, Michel Leblanc, président des apiculteurs viennois, Michel Effantin, représentant du groupement de défense sanitaire section apicole, Roger Baboud-Besse, président de la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère, Jean-Paul Prud’homme, réprésentant  la Chambre d’Agriculture

La réunion organisée aujourd’hui au Conseil général de l’Isère avait pour but de faire un  bilan d’étape du contrat d’objectifs passé il y a un an et demi. Tous les partenaires mentionnés ci-dessus étaient présents (cf photo). Comme c’est l’usage, Albert Einstein avait été également convoqué. Christian Nucci se chargea de rappeler la célèbre mise en garde du savant: « Sans l’abeille, l’homme n’aurait plus que quatre ans à vivre ». On passe sur les équations du douzième degré qui vont avec.

Le CG38  qui tient à accorder à ses concitoyens un avenir durable, relève donc le défi. Il  s’engage à  préserver les abeilles et l’apiculture dans l’intérêt du bien-être collectif. Le point sur les objectifs du contrat 2007 :

– l’observatoire mis en place surveille 4 zones test : une zone arboricole (Pact), une zone de grandes cultures (Saint-Siméon-de-Bressieux), une zone de montagne (Miribel-les-Echelles), une zone périurbaine (Seyssins). Chaque territoire possède un rucher d’observation de 10 colonies. Trois ans d’observation supplémentaires sont nécessaires pour tirer des des enseignements pertinents de cette première année de recueil de données (analyse des cires et des abeilles, caractérisation de l’occupation des sols et des pratiques, identification des pollens récoltés)

– les jachères polliniques et faune sauvage: les divergences apparues entre chasseurs et agriculteurs sont, semble t-il, dépassées. La Chambre d’Agriculture estime « que l’on a transformé un essai » avec les jachères fleuries

– les documents de sensibilisation ont été largement diffusés: dépliants sur les pesticides (destinés aux jardiniers amateurs), panneaux jachères, plaquette et fiche technique jachères (destinés aux mairies), etc.

– le rucher installé sur les toits de l’Hôtel du Département (à 20m de haut) se porte bien : il s’agit d’une action symbolique mais surveillée de près (une visite/mois) par Erik Burdet, apiculteur amateur et DirCom du CG38 et Richard Cavana, adhérent de l’Abeille dauphinoise. Dès la première année, les deux colonies ont produit une trentaine de kilos de miel, offerts lors de manifestations du Département

Christian Nucci a d’autres idées à mettre en oeuvre: parmi celles-ci, une cartographie précise des ruches, et l’incitation à la plantation de haies.

« On a réalisé une carte de l’Isère avec les lieux d’implantation des ruches. De la dentelle!  Je tiens à cette cartographie qui nous aidera à nous mettre en alerte quand des traitements sont indispensables. Nous devons travailler en amont le plus possible. Et nous devons, par exemple, sensibiliser les maires à intégrer l’apiculture durable dans les décisions touchant à l’aménagement. La plantation de haies, par exemple, permettrait de préserver l’abeille ».

Tous les partenaires de ce véritable plan de bataille pour sauver l’abeille sur les territoires isérois, sont favorables à ces dispositifs à condition qu’ils s’inscrivent dans la durée. « C’est un travail quasi permanent », souligne Vincent Clair, de l’ADARA. D’autant plus que le GDS annonce l’arrivée du frelon asiatique, tueur d’abeilles, dans deux ans en Isère!

Gilbert

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