Ambroisie : le silence du gouvernement inquiète


Face à la progression inexorable de cette espèce invasive allergène, les patients-victimes de lambroisie et les professionnels tirent la sonnette dalarme.

Dans un courrier au Premier Ministre envoyé cet été et resté sans réponse, lassociation Stop Ambroisie et le Réseau Biodiversité pour les abeilles demandent des mesures immédiates pour contenir les conséquences sanitaires, environnementales et économiques de la prolifération de lambroisie désormais présente dans toutes les régions métropolitaines.


La présence de l’ambroisie génère des problèmes de santé publique. Pour Stop Ambroisie, seule association de personnes allergiques à cette espèce nuisible, l’inquiétude grandit d’années en années. Le contexte du Covid-19 fait craindre un impact fort des allergies en raison des difficultés respiratoires provoquées. Les conséquences de la prolifération non maîtrisée de l’ambroisie sont aussi économiques et environnementales.

Rien qu’en région Auvergne-Rhône-Alpes, près de 10% de la population a consommé des soins en lien au pollen d’ambroisie pour un coût global de 40,6 millions d’euros. Si l’ensemble de la France était aussi touché, il y aurait 5,3 millions de personnes allergiques et 326 millions d’euros de dépenses de santé annuelles. L’asthme provoqué par l’ambroisie fait partie des facteurs aggravants pour les personnes atteintes par la Covid-19.


La lutte contre lambroisie, un défi environnemental


Outre les coûts des traitements médicaux, de la prise en charges des patients, l’ambroisie est devenue un casse-tête agronomique et une ennemie de la biodiversité.

En raison de ses caractéristiques biologiques, l’ambroisie gagne du terrain et se développe particulièrement dans les parcelles de tournesols.

Les agriculteurs ont pourtant besoin de cette culture dont les bénéfices agronomiques sont multiples. Il s’agit d’une excellente tête d’assolement qui est faiblement consommatrice d’eau et nécessite peu d’intrants.

Le tournesol est par ailleurs un garde-manger précieux pour les abeilles qui en font leur miel. Si des innovations variétales permettant un traitement en post-levée (VRTH) ont fait la preuve de leur efficacité depuis plusieurs années, une menace administrative pèse sur la tête des agriculteurs.

La perspective de contraintes synonymes de paperasserie supplémentaire risque fort de les détourner de cette culture.

« Conséquence directe : les abeilles vont se retrouver privées dune ressource alimentaire indispensable au développement des colonies et à la production de miel. Concrètement, ce serait une catastrophe économique pour le secteur apicole déjà durement éprouvé ces dernières années » estime Philippe Lecompte, apiculteur professionnel bio et Président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.

La filière des oléo-protéagineux est elle aussi menacée, et avec elle des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects. Alors que le colza marque le pas en raison des difficultés d’implantation liées aux conditions climatiques et à la sécheresse ces 3 dernières années, la diminution des surfaces de tournesol signerait un retour en arrière et un désastre agronomique, industriel et pour la biodiversité.

Mais elle n’a rien d’inéluctable : les solutions techniques existent. Le gouvernement doit simplement en garantir un accès durable aux agriculteurs.

Les professionnels réclament donc des moyens de lutte efficaces et l’accès à ces outils, dont les innovations variétales.

De plus en plus nombreux en raison de son expansion, les patients victimes de l’ambroisie appellent à la mobilisation de tous les acteurs du territoire pour lutter véritablement contre son développement.

« Tout est encore possible. Seules les batailles non menées sont certaines dêtre perdue. Il faut arrêter de tourner autour du pot et faire preuve dune véritable volonté politique » estime Philippe de Goustine, Président de Stop Ambroisie.

Dans une enquête menée en janvier 2020 auprès des élus de Charente et de la Drôme, deux régions fortement touchées, 75% des répondants se déclarent favorable à la reconnaissance de l’ambroisie comme organisme nuisible à l’agriculture et 84% sont favorables à rendre obligatoire la lutte contre l’ambroisie.

Des solutions existent : mieux sensibiliser le grand public, donner des moyens techniques supplémentaires aux agriculteurs et gestionnaires d’espaces publics, mieux coordonner l’action des collectivités et former les référents ambroisie…

Compte tenu de l’aggravation de la situation et de l’inquiétude qu’elle génère chez les patients, les agriculteurs, les apiculteurs, les collectivités….


Stop Ambroisie et le Réseau Biodiversité pour les Abeilles attendent une réaction sans délai du Premier Ministre et de son gouvernement.

Gilbert

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