Oui, par les temps qui courent, l’installation d’un jeune agriculteur peut faire figure d’événement. Alors que ça ne devrait pas l’être. Développement durable, autonomie alimentaire et énergétique des territoires, vont en effet de pair avec le maintien d’une agriculture vivace, diversifiée, innovante. Et il n’est pas inutile de rappeler que le métier d’agriculteur en Isère reste attractif comme en témoignent les nombreux candidats, de mieux en mieux formés, reçus chaque année au Point accueil installation de la Chambre d’Agriculture (150 porteurs de projets reçus en 2008).
Benoît Vallier, jeune diplômé de l’ENESAD, établissement national d’enseignement supérieur agronomique de Dijon (Côte-d’Or) a fait le choix de rentrer à la maison, à Grisail, commune de Saint-Guillaume, pour y créer un élevage ovin viande de 250 brebis et 15 vaches allaitantes.
Il a eu l’occasion d’exposer son projet en détail mercredi 23 septembre lors d’une visite organisée par le CDRA Alpes Sud Isère (1) qui l’a aidé, avec la Chambre d’Agriculture et le CAUE, à mener à bien la première étape de son projet, à savoir la réalisation d’un bâtiment de 14,5m de large/55m de long destiné à abriter l’élevage ovin (y compris les agneaux), quelques bovins (pendant deux ans) et le stockage du fourrage et des engins.
Ses parents sont agriculteurs et, comme le confiait Mme Vallier, sa mère, « on n’était pas du tout sûrs, compte tenu de son métier, qu’il vienne un jour s’installer ici ».
(ci-dessus, Benoît Vallier et Gérard Leras)
C’est fait. Le fils est revenu au pays. Pour l’instant, il développe son projet. La transmission de l’exploitation de son père est prévue pour 2011.
Eliane Paquet, Mme le maire de Saint-Guillaume, a dit également sa joie d’accueillir ce nouvel administré : « Un agriculteur qui s’installe, c’est une vie de plus à Grisail. Cela s’apprécie ! Et avec Benoît, on n’est pas inquiets. Il sait peser les choses. La commune est heureuse de l’aider. Le propriétaire du terrain a demandé que les réseaux soient enfouis. Pas de problème. Nous allons le faire ! ».
Benoît s’est installé en janvier 2009. C’est un garçon qui sait où il va. Son projet, son bâtiment, son troupeau étaient déjà dans sa tête il y a longtemps. « J’ai dix vaches Salers et je vais acheter 30 agnelles à mes parents ». Pourquoi des Salers, race pas commune dans nos régions alpines? « Tout simplement parce que j’aime ces bêtes », répond Benoît Vallier. « Et puis ça fait de la très bonne viande persillée ».
On apprend qu’il a suffi d’un stage de six mois à Clermond-Ferrand pour que le jeune ingénieur agronome prenne fait et cause pour la race Salers. Il y aura donc des Salers à Grisail. Il y a bien des bisons à Bourg-d’Oisans !
Commencé le 18 juin, le bâtiment agricole devrait être terminé début novembre
Depuis son installation, le parcours a été soutenu. Dans l’ordre, Benoît Vallier a acheté la parcelle convoitée (42ha) au propriétaire, étudié l’implantation du bâtiment agricole avec la Chambre et le CAUE. Les travaux ont commencé le 18 juin et devraient s’achever début novembre. Tout a été fait pour limiter l’impact du bâtiment vis-à-vis du hameau (projet d’une transition végétale d’arbres fruitiers).
Un regret, cependant, en ce qui concerne cette réalisation : le bois utilisé (charpente en kit, bardage) n’est pas du bois local. Il vient des départements voisins du Rhône et de la Savoie. Mais il pouvait difficilement en être autrement. La plateforme bois du Trièves (à Saint-Michel-les-Portes) n’est pas encore en mesure de fournir un produit fini répondant aux exigences du constructeur. Gérard Leras reconnaît que c’est dommage mais qu’il s’emploie, avec la Région, à ce que l’on puisse prochainement se rapprocher de cet objectif.
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(1) Parmi les personnes participant à la visite, Gilles Strappazzon, qui préside le comité de pilotage du CDRA Alpes Sud Isère, Gérard Leras, conseiller régional Rhône-Alpes, Eliane Paquet, maire de Saint-Guillaume, Didier Girard, éleveur à Bourg d’Oisans, Jacky Roy (DDAF) et plusieurs élus vizillois.