Les Grenoblois (que Fernand Reynaud qualifiait de « prétentieux » dans un de ses célèbres sketchs) prétendent avoir inventé le concept : il s’agit d’un événement qui privilégie une approche culturelle du vin. Ils l’ont baptisé « Le millésime ».
Un festival œnologique et musical qui a pour cadre la place Victor Hugo, où se trouve la statue… d’Hector Berlioz. « La place aux deux totors », comme le dit si bien un vieil habitant du lieu, croisé au village vigneron, un verre de rouge à la main aux couleurs de syrah.
Mais rien de prétentieux dans cette manifestation qui se déroule du 15 au 25 octobre. N’en déplaise à Fernand. Juste la volonté d’offrir au plus grand nombre l’occasion de mieux connaître le vin et de mettre à l’épreuve ses cinq sens à travers un festival de saveurs et de musiques.
Le cœur de la manifestation est le programme d’ateliers de dégustation, où les visiteurs, jeunes amateurs ou gastronomes ayant de la bouteille, travaillent avec les meilleurs spécialistes sur des thèmes œnologiques particuliers. Depuis la plus classique des initiations à la dégustation (l’œil, le nez, la bouche…) jusqu’à des thèmes plus techniques traitant de l’ampélographie, de l’art de l’assemblage, les dégustateurs progressent toujours par l’échange de savoirs et la dégustation appliquée.
Oui, on apprend beaucoup à fréquenter ces ateliers du Millésime, à discuter sur le stand de l’université du vin (Suze-la-Rousse), à échanger avec les producteurs et les sommeliers. Deux ou trois choses qu’il faut savoir :
– que le Vermentinu n’est pas un fleuve scandinave (c’est un cépage blanc corse)
– que le Beaujolais compte dix crus qu’il faut savoir par cœur quand on est insomniaque (c’est mieux que de compter les moutons)
– qu’une verticale n’est pas une dégustation en montagne mais la dégustation d’un même vin dans des millésimes de plus en plus anciens
– qu’il existe des secrets de famille entre syrah et mondeuse, roussane et bergeron (appelez ça des cousinages ampélographiques)
– que le fendant se dit avec l’accent suisse
– que les Blayais jouent désormais dans la cour des grands,
– etc.
Sous l’œil du grand Hector, donc, l’association des vins et des musiques — musique de chambre, jazz, chants corses — c’est tout une ambiance qui règne ici en soirée. Après les plaisirs du goût et de l’odorat, celui de l’ouïe. Sans équivalent en France et probablement en Europe (« tous des prétentieux », disait Fernand !), « le Millésime » est un véritable appel aux sens et à l’intelligence, cherchant à allier convivialité, plaisir et connaissance.
A la fois populaire et exigeant, le Millésime réunit chaque année pendant 10 jours plus de 15 000 visiteurs. Bernard Pivot, chantre incontesté du beaujolais, sa terre natale, inventeur de la dictée du même nom, en était. Il a dédicacé son livre « Le dictionnaire amoureux du vin ».
L’inauguration officielle de cette 15e édition, s’est déroulée hier en soirée, en présence de Michel Destot, député maire de Grenoble et d’Alain Pilaud, adjoint et conseiller général, qui accueillirent Jean-Jack Queyranne, tout juste sorti de la réunion plénière du Conseil régional, d’Eliane Giraud, conseillère régionale déléguée à l’agriculture et au développement rural et aux parcs, d’Arlette Gervasi, conseillère régionale.