Les comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2017

En 2017, la valeur de la production agricole se redresse (+ 2,4 %), du fait des volumes produits, sans compenser la chute de 2016 (– 6,6 %). Celle de la production végétale n’augmente que très légèrement : la forte remontée des volumes est en grande partie neutralisée par la baisse des prix. En revanche, la valeur de la production animale s’accroît nettement : les volumes poursuivent leur repli, mais les prix, notamment du lait, se redressent fortement.

Dans le même temps, les charges des agriculteurs se réduisent pour la quatrième année consécutive. Cette évolution favorable vient s’ajouter à la hausse de la valeur de la production. Par conséquent, la valeur ajoutée de la branche agricole se raffermirait nettement. L’emploi agricole continue par ailleurs à décroître. Au total, d’après les estimations du compte prévisionnel de l’agriculture, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif augmenterait de 7,7 % en 2017 en termes réels, après une baisse de 8,4 % en 2016.

La valeur de la production agricole se redresse après sa chute en 2016

En 2017, la valeur de la production de la branche agricole hors subventions sur les produits se redresserait (+ 2,4 %), sans compenser sa chute de 2016 (– 6,6 %). La valeur de la production animale se raffermit nettement (+ 5,9 %), tandis que celle de la production végétale évolue peu (+ 0,3 %). Pour cette dernière, le redressement du volume est en effet contrebalancé par le recul des prix. La récolte de céréales se rétablit après les résultats catastrophiques de l’année 2016. Celle de betterave s’accroît très fortement dans le contexte de suppression des quotas. À l’inverse, le volume de vin continue à diminuer notablement, du fait de conditions météorologiques défavorables. Les prix de la betterave et des légumes (y compris des pommes de terre) se replient nettement. Pour la production animale, les prix de la majorité des produits se redressent, à l’exception des volailles et des veaux ; cette hausse fait plus que compenser le repli des volumes.

Production végétale : volumes en hausse, prix en baisse

En volume, la production végétale s’oriente à la hausse pour la première fois depuis trois ans (+ 4,9 %, après – 8,9 % en 2016). La récolte de céréales se redresse fortement, après une année 2016 catastrophique. En effet, les conditions climatiques ont été favorables aux rendements, tandis que les surfaces évoluent peu globalement. La progression est également très marquée pour les oléagineux avec une récolte historique pour le colza et le tournesol, en dépit de moindres superficies. La suppression des quotas de betteraves au 1ᵉʳ octobre 2017 a entraîné une augmentation sensible de leur surface cultivée. La production de vin est en net recul, du fait notamment du gel de printemps (– 12,2 %).

Le prix de la production végétale (hors subventions sur les produits) repart à la baisse (– 4,4 %). L’essentiel de cette diminution s’explique par celle des légumes et pommes de terre . En effet, le prix de la pomme de terre, traditionnellement soumis à de fortes variations annuelles, s’effondre (– 40,0 %), du fait d’une offre en forte hausse. Celui des légumes diminue également nettement (– 7,0 %). À l’inverse, le prix du vin se renchérit.

Production animale : baisse des volumes, hausse marquée des prix

La production animale poursuit son repli en volume (– 1,3 %). Pour les gros bovins, elle est en retrait par rapport au niveau élevé de 2016 (– 2,0 %). Pour les porcins, elle recule de 3,0 %, du fait de la réduction du cheptel entamée fin 2016. À l’inverse, la production d’œufs progresse (+ 3,0 %) et la collecte de lait reste stable.

Le prix de la production animale (hors subventions) se redresse pour la première fois en quatre ans (+ 7,3 %). Celui du porc continue à se raffermir sur la lancée de 2016 (+ 6,0 %), malgré un repli à partir de mai. Le prix du lait s’oriente nettement à la hausse (+ 14,0 %), à la faveur d’une demande dynamique et d’une production en recul au niveau mondial depuis la mi-2016. De ce fait, la tendance s’inverse après deux années consécutives de baisse ; toutefois, les prix de 2017 resteraient inférieurs à ceux de 2014. La hausse du prix des œufs au premier semestre s’accélèrerait en fin d’année, en raison de la crise du Fipronil (+ 19,0 % en moyenne annuelle).

La valeur des intrants toujours orientée à la baisse

Les consommations intermédiaires de la branche agricole se replieraient de 2,3 % en valeur en 2017, le léger recul des volumes se conjuguant à celui des prix. Il s’agit de la quatrième année consécutive de baisse, confirmant la tendance observée depuis 2014. Par rapport au point haut atteint en 2013, la valeur des charges s’inscrit désormais en retrait de 11,1 %.

En 2017, les achats d’aliments pour animaux diminuent de 1,4 % en volume. Ce recul est cependant compensé par un plus fort recours aux aliments intraconsommés, produits directement dans les exploitations agricoles (+ 2,6 % en volume). Les achats de tourteaux diminuent de 7,7 % en volume, malgré une baisse de leur prix. Seuls les achats d’aliments composés pour bovins (+ 2,1 %) et pour ovins et caprins (+ 3,7 %) progressent. Les prix des aliments pour animaux sont quasi stables (+ 0,3 %), excepté ceux des pulpes de betterave (+ 9,7 %), des aliments d’allaitement pour veaux (+ 9,0 %) et des tourteaux (– 4,0 %).

Les dépenses en engrais et amendements chutent de 18,3 %, du fait d’une baisse conjointe des volumes consommés (– 7,2 %) et des prix (– 12,0 %). En effet, les volumes se replient pour les engrais composés (– 16,8 %) et les engrais simples azotés (– 4,9 %). En revanche, ceux des engrais simples phosphatés augmentent. Les prix baissent fortement pour toutes les catégories d’engrais.

À l’inverse, les prix des pesticides et produits agrochimiques ne diminuent que légèrement (– 0,9 %).

Après trois années de recul, la facture énergétique s’alourdit en 2017 (+ 8,9 %), du fait d’une remontée du prix des produits pétroliers, qui avait atteint un niveau particulièrement bas en 2016. Le prix du gazole non routier s’envole de 16,2 % et celui du gazole (diesel) de 10,7 %. En revanche, le prix de l’électricité est quasi stable (+ 0,4 %).

Concernant les dépenses vétérinaires, les prix augmentent de 1,4 %, soit un rythme plus modéré que les années précédentes.

La valeur ajoutée au coût des facteurs se redresserait nettement en 2017

En 2017, la valeur ajoutée brute de la branche agricole devrait donc augmenter (+ 9,8 %), sous l’effet du redressement de la production au prix de base – c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits – (+ 2,3 %) et de la poursuite du repli des consommations intermédiaires. La production reprend en volume (+ 2,3 %), alors que les prix restent globalement stables. Les intrants fléchissent en volume et leur prix diminue (– 1,8 %). Ainsi, les effets des évolutions de la production et des consommations intermédiaires se cumulent et conduisent à une hausse de la valeur ajoutée.

En 2017, comme en 2016, les subventions d’exploitation s’élèveraient à 8,2 milliards d’euros. Cette relative stabilité résulte d’évolutions différenciées : hausse du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et des subventions dans les départements d’outre-mer, diminution progressive des aides conjoncturelles. Après la prise en compte des subventions d’exploitation et des impôts, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs progresserait de 7,5 % en 2017. Comme le volume de l’emploi agricole décroît tendanciellement, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif augmenterait de 8,5 % . En termes réels, elle se redresserait de 7,7 %, après la baisse de 8,4 % en 2016.

Les agrégats ci-dessus peuvent aussi être exprimés en net, après déduction de la consommation de capital fixe (+ 1,2 % en 2017). La consommation de capital fixe évolue peu, mais a un poids important. De ce fait, sa prise en compte amplifie les variations de la valeur ajoutée : la valeur ajoutée nette au coût des facteurs croîtrait de 10,3 % en 2017 et, rapportée au nombre d’actifs, de 10,5 % en termes réels.

Depuis 2006, une forte restructuration des subventions, mais des montants globalement stables

La mise en place en 2006 du paiement unique a entraîné une baisse des subventions sur les produits au profit des subventions d’exploitation : jusqu’en 2014, ce paiement a représenté environ 80 % des subventions d’exploitation. Entre 2006 et 2014, le niveau global des subventions est resté relativement stable, les variations annuelles s’expliquant par des mesures conjoncturelles spécifiques. Cette stabilité a fait suite à une hausse marquée : plus de 20 % entre 2000 et 2003
En 2017, les subventions resteraient pratiquement stables. L’année 2015 s’est caractérisée par une nouvelle réforme de la Politique agricole commune (PAC) : une partie du paiement unique (2,2 milliards d’euros) est depuis lors conditionnée au respect de pratiques favorables à l’environnement (paiement vert) et le paiement de base (4 milliards) ne représente plus que 47 % des subventions.
Source Insee

Gilbert

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