Ce soir sur FR3, Pouvoir d’achat: les profiteurs de la crise

Première phase de l’enquête au plus proche des Français : la grande distribution ! Depuis plusieurs années, elle rejette la responsabilité de la hausse des coûts sur les grandes marques… et vice versa ! Tout le monde se renvoie la balle avec, au centre, le gouvernement qui édicte une nouvelle loi sur la consommation — la loi de modernisation de l’économie — pour libérer les prix ! Sauf que cette énième loi a été inspirée par des gens qui ont tout intérêt à ce que le système perdure !

Si on résume, tous font porter la responsabilité sur les matières premières qui augmentent, tels les céréales ou le pétrole ! Nous nous sommes donc attachés à l’histoire du blé et, pour ce faire, nous sommes allés tourner — entre autres — à la Bourse de Chicago, là ou s’échangent toutes les matières premières alimentaires de la planète. Nous y avons découvert que, outre les raisons structurelles — hausse de la demande chinoise, sécheresse en Australie, mauvaises récoltes généralisées l’année dernière dans le monde, qui ont épuisé les stocks et donc attiré les spéculateurs

—, tout le monde a intérêt à ce que les prix montent, car tout le monde prend un peu au passage : spéculation à tous les étages ! C’est un sujet fondamental car il faut savoir que 80 % de la planète se nourrit de maïs, de blé et de riz !

Autre matière première vitale pour les Français : le pétrole, qui participe lui aussi à la hausse des matières premières alimentaires. Il y a quelques mois, les dirigeants de l’Opep expliquaient que, si le pétrole était à 140 dollars, c‘était à cause des spéculateurs. Nous avons voulu savoir ce qui alimentait cette spéculation et, tout simplement, vérifier la véracité de cette affirmation. L’une des clés de la baisse ou de la hausse du pétrole, c’est sa disponibilité : quelle est la production mondiale et combien reste-t-il de pétrole sous nos pieds ! Et nous découvrons que personne ne le sait vraiment ! Mieux, nous n’avons aucun moyen de le vérifier, car les pays de l’Opep ont donné des chiffres complètement fantaisistes sur l’état de leurs réserves ! En 1986, l’Opep a institué une règle disant que, dorénavant, les importations se feraient en fonction des réserves disponibles. Du jour au lendemain, tous les pays de l’Opep ont augmenté leurs réserves de 60 %, 80 %, voire 100 % pour certains ! Il y a quelques mois, un audit privé a révélé que les chiffres énoncés sur l’état des réserves du Koweit étaient fictifs. Nous sommes allés tourner au dernier Sommet de l’Opep à Vienne, et nous avons posé la question aux dirigeants de l’Opep : leur réponse est édifiante ! Ou plutôt leur non-réponse !

Pourtant, l’état des réserves dans le monde est un point crucial ! Selon la théorie du Peak-Oil, du professeur Marion Hubert , tous les pays producteurs vont atteindre leur pic de production, c’est-à-dire qu’ils ne pourront produire plus et que les puits vont commencer à décliner et à mourir.

Et, selon certains spécialistes, c’est ce qui se passe actuellement : le nombre de nouveaux puits qui entrent en production ne parvient pas à combler les puits qui s’éteignent. Aujourd’hui, nous arriverions au sommet de la capacité de production mondiale — entre 80 et 90 millions de barils par jour —, c’est la raison pour laquelle les prix ne vont pas cesser d’augmenter. Mauvaise nouvelle pour nous, mais bonne nouvelle pour les pays du Golfe qui, en se mettant d’accord pour ne pas augmenter leur production, ont bien compris qu’ils avaient entre les mains une belle rente de situation !

France 3: mercredi 8 octobre,20H50:pièces à conviction Enquête Magali Serre, Willy Gouville, Sophie Roland