tout est réuni et pourtant…

L’assemblée générale d’Agritabac a démontré la belle vitalité de la filière mais de nombreuses inquiétudes demeurent et plusieurs points sont en attente de réponses.
Au niveau de la production, les surfaces utilisées sont de 724 hectares en 2006, -5% par rapport à 2005. Le virginie avec 362 hectares gagne 1% tandis que le burley perd 6% avec 355 hectares cultivés. La production du tabac brun devient anecdotique ( 7ha). Le nombre total des producteurs est de 319 si on tient compte des membres des gaec et associés. Pour les collectes, elles sont de 1024 tonnes en virginie, 1051 tonnes en burley, 21 tonnes en brun; soit un total de 2097 tonnes.

Virginie

Quantité récoltée stable par rapport à 2005 le virginie a une qualité d’ensemble moyenneà bonne en étages bas, bonne à très bonne sur les étages hauts. Ceci grâce a de bonnes conditions climatiques.

Burley

Sur le plan qualitatif, avec 81% de lot 1 la récolte est très bonne et même supérieure à 2005. Le rendement est également très bon.

2006 a vu l’engagement de la quasi-totalité des adhérents à Agritabac dans la démarche de traçabilité et la poursuite de l’introduction de la machine à récolter ( cuma de La Côte- St-André).
Le conseil d’administration a vu l’arrivée de 3 nouveaux membres: J.M. Enselme, d’Aoste, Denis Rebatet, de Chateauneuf- de-Galaure, Y. Bouvier, de Marcillolles.

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Michel Bouvagnat, président de la structure : « Cette campagne 2007 a été marquée par une forte montée en puissance de la mécanisation du Virginie »
Pour que la mécanisation du Virginie soit une une réussite il faut:
– des conditions de sol optimales et régulières
– une parfaite maîtrise de la culture en récolte traditionnelle
– des compétences techniques et humaines mises en commun
– des moyens importants mis en œuvre pour que le projet soit une réussite

Il faut admettre que les volumes en Virginie produits demain seront issus pour une bonne partie de la mécanisation, cela semble une évidence.

Autre avancée de taille, la généralisation de l’emballage carton à l’ensemble des producteurs intéressés. Ainsi, la totalité des tabacs machine et la totalité des tabac issus de l’atelier de triage de Beaurepaire ont été conditionnés en cartons au cours de cette campagne.

Une réflexion de fond a également été menée à l’atelier triage pour optimiser au mieux le flux de tabac, diminuer les charges de personnel et ainsi maîtriser les coûts de triage malgré le tonnage moindre.

Et le Burley dans tout cela !
Certes, point de chantiers aussi importants qu’en Virginie.
Une machine à effeuiller testée l’an passé est de nouveau en phase d’essai après modifications, mais il est aujourd’hui trop tôt pour en tirer des conclusions définitives.

Les responsables professionnels sont sensibles à la problématique de l’emballage pour le Burley.

A noter que la totalité des Burley préparés à Beaurepaire s’emballera en cartons et en vrac dès cette saison. Le président de dire sous forme de boutade « Sans mauvais jeu de mot, ne nous emballons pas , mais qui aurait dit cela ne serait-ce qu’il y a un an ?

PRIME UNIQUE, GRILLE UNIQUE

« Après toutes ces avancées technologiques, qu’en est-il des primes ou des prix commerciaux ?
En 2006, nous avons pu constater un retour de prime recouplée d’un niveau différencié entre les variétés Virginie et Burley du fait d’un taux de sinistre différent. Je vous rappelle qu’il y avait une prime lot 1 et une prime lot 2 gérées dans 2 enveloppes distinctes.
Aussi, pour pallier à cela, l’Interprofession a décidé d’affecter une prime unique à tous kg de tabac produit, quelle que soit la variété, en supprimant au passage le différentiel de 0,126 €/kg qui subsistait .
Son corollaire étant une grille de prix commerciaux unique pour les 2 variétés ainsi qu’un nouveau mode de rémunération de la chimie revu à la baisse. Tout ceci est rentré en application pour la campagne en cours.
Nous constaterons une fois de plus cette année que le niveau de prime recouplée sera bonifié du fait des rendements exceptionnellement bas France entière.
Mais qu’en est-il des prix commerciaux ? Hormis les hausses des classes A et B que nous avons décidées nous professionnels, force est de constater que les industriels rechignent toujours à donner le petit plus qui nous encouragerait à produire plus »

GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT

Dans un tout autre ordre, mais au demeurant un sujet brûlant d’actualité et qui ne sera pas sans conséquences sur l’agriculture en général et la tabaculture en particulier : l’environnement

« Même si le fond du problème est légitime, c’est une réalité qu’il ne faut plus occulter, il n’en est pas moins exagérément amplifié par nos politiques qui ne manquent jamais une occasion de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Mais que de temps passé, que d’inepties écrites ou entendues ! »
Pour illustrer cela, Michel Bouvagnat prend modèle sur l’automobile:

« Biocarburants au bilan environnemental pas si bon que l’on voudrait nous le faire croire, éco-vignette, système de bonus-malus en fonction des émissions de CO2, réduction de la vitesse et j’en passe, toutes ces mesures pour influer sur les 11% d’émissions de CO2 nationales générés par l’automobile. Certes, l’idée est louable. Mais lorsque l’on analyse leur impact au niveau de la planète, ce qui me semble-t-il est le but recherché, la France n’émettant que 1,4% du CO2 mondial, merci les centrales nucléaires, toutes ces mesures disais-je pour 1,4 millièmes, oui vous avez bien entendu, 1,4 millièmes des émissions mondiales de CO2 ! De qui se moque-t-on ? Comme d’habitude, nous devons laver plus blanc que blanc ! Tout en n’omettant pas de nous taxer un maximum au passage !

Dans un tout autre domaine, la réduction de 50% des matières actives des produits phyto en agriculture. Certes, il a pu y avoir par le passé des abus, mais aujourd’hui aux coûts actuels des produits!
Pour ce qui est de la tabaculture, des efforts considérables ont déjà été faits et les agriculteurs n’ont pas attendu l’arrivée de Mr Borloo pour se soucier des pratiques agricoles ou de la préservation de la ressource en eau.

Bon nombre de mesures préconisées par le « Grenelle de l’environnement » sont déjà pratiquées telles:
– la réduction des doses des produits phyto et la recherche de méthodes alternatives.

Autres mesures déjà mises en pratique :
– le développement d’une stratégie d’irrigation économe en eau qui se traduit sur notre région par la mise en place de l’irrigation raisonnée IRRINOVE en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de l’Isère.
– la pratique du bilan azoté amenant à une réduction des taux de nitrates
– les économies d’énergie, diagnostics des fours, chaudières à polycombustibles
Il sera remis à l’ensemble des producteurs lors de la signature de son contrat de production 2008 ce document édité par l’ANITTA intitulé « Guide des bonnes pratiques culturales dans la production du tabac » reprenant l’ensemble des préconisations prenant en compte entre autres les aspects environnementaux.

Autre mesure phare du Grenelle, la certification des exploitations agricoles. Démarche volontaire dans un premier temps dès 2008, l’objectif avoué est d’avoir 50% des exploitations certifiées en 2012. S’ajoute à cela la notion de « conseil agricole ». Tout technicien devra demain détenir un Certificat de Qualification Professionnelle lui permettant de délivrer un conseil agricole intégrant les problématiques environnementales .
Le président Bouvagnat s’inquiète de l’intérêt soudain que portent les politiques à la gestion des primes agricoles.
“Notre Président de la Région Rhône Alpes, porte parole des autres Présidents de Régions, semble souhaiter que les primes agricoles transitent et soient gérées par lesdites Régions.

Un simple exemple parmi tant d’autres, mais qui met en évidence une notion commune: le manque chronique d’argent. L’objectif de la Région Rhône Alpes étant de tripler les surfaces en bio, il faudra pour cela une enveloppe de 75 millions d’€ d’ici 2012, soit 12 fois ce qui était programmé initialement! On comprend mieux ainsi que les primes versées à l’agriculture attisent des convoitises.
Mais que représentent nos malheureux petits 48 millions d’€ annuels d’enveloppe recouplée France entière pour la culture du tabac! Et que l’on voudrait nous spolier en la faisant transiter par le second pilier ! Une goutte d’eau dans le budget de la politique agricole européenne ! Une goutte d’eau comparés aux 300 à 400 milliards d’€ infligés à notre économie nationale par 9 jours de grève ! »

Contraintes

« Toutes ces mesures envisagées sont perçues par le monde agricole comme de nouvelles contraintes sans que l’on puisse en discerner un quelconque profit en terme de revenu.

Mais la filière dispose de nombreux atouts pour s’adapter aux réalités du moment .
En effet, nous disposons d’une Interprofession par le biais de l’ANITTA, interlocuteur privilégié des Pouvoirs Publics, d’une organisation syndicale nationale efficace en prise directe elle aussi avec les Pouvoirs Publics nationaux mais aussi avec les instances Bruxelloises, ainsi qu’un outil de première transformation à SARLAT qui ne demande qu’à traiter des volumes. En outre, la même ANITTA chapeaute la recherche au niveau national mais a pris récemment une dimension européenne en participant activement à la création de l’AERET qui regroupe les différents centres expérimentaux européens.

Nos tabacs sont recherchés par les industriels que ce soit en Virginie ou en Burley, et il semble que le tabac à mâcher ou MALAWI soit demandé. C’est ainsi que nous souhaiterions en faire produire une vingtaine d’ha dès 2008.

Aussi, ceux d’entre vous qui voudront demain rester agriculteurs sur des structures de taille moyenne où le tabac aura toute sa place devront se spécialiser.
De plus, comme cela a été le cas lors de la mise en place du découplage basé sur les campagnes 2000 à 2002, n’hypothéquons pas nos futures références alors même que l’évaluation de la réforme à mi-parcours fin 2008 se dessine. »

C’est pourquoi la Coopérative a décidé une politique incitative et volontariste d’aide au développement et à la création de nouveaux ateliers tabac, ceci sur ses fonds propres.

« Toutes les conditions sont donc réunies pour que l’on produise durablement demain du tabac en France . »

Gilbert

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