Offre de soins en milieu rural: un diagnostic inquiétant

Le rapport d’orientation fait hier dans l’hémicycle du Conseil général par Gisèle Pérez, vice-présidente au personnel, à la santé, à la solidarité avec les personnes âgées et les personnes handicapées, a clairement mis en relief le déficit d’organisation sanitaire des zones difficiles. Ce dernier terme n’a pas été vraiment défini mais on peut affirmer, sans se tromper, que les zones rurales, particulièrement les plus éloignées de l’agglomération grenobloise, en font partie.

Face à ce constat et aux conséquences parfois dramatiques qu’entraîne cette situation, Mme Pérez soumettait, entre autres, l’idée d’allouer aux étudiants en médecine ayant fait le choix de s’installer en zones déficitaires en médecins, une bourse d’études, remboursable en cas de non obtention du diplôme. Pendant combien d’années, s’interroge l’assemblée? Certains pensent que cette bourse devrait être allouée pour les trois dernières années d’études.

Le diagnostic de l’offre de soins en zones difficiles, est, en tout cas, réservé pour ne pas dire alarmiste. Ce rapport a suscité un large débat auquel le corps médical a largement participé, l’assemblée départementale comptant en effet un certain nombre de médecins ou ex-médecins. Ce qui fait dire à Pierre Ribeaud (canton de Saint-Egrève), sur le ton de l’ironie, qu’il est préférable de faire un infarctus ici plutôt que dans son canton d’origine.

Il y a urgence

Sérieusement, ce déséquilibre de l’organisation sanitaire peut en effet avoir des conséquences dramatiques, notamment quand il y a urgence. Plusieurs cas de personnes décédées faute d’intervention rapide d’une aide médicale, ont été rapportés, dans le cadre de ce débat, notamment par le président Vallini, à propos de deux décès survenus sur son canton.

Bernard Perazio (canton de pont-en-Royans) confirme: “Quand on fait le 15 en zone rurale, on est sûr d’attendre longtemps, trop longtemps. On ne peut plus continuer comme ça!”

Charles Galvin mentionne les difficultés rencontrées en Matheysine et Valbonnais quant aux tours de garde des médecins et pharmaciens, proposant de mieux utiliser les bâtiments hospitaliers existants, et éventuellement de remettre en état la pharmacie de la mine.

Charles Descours fait un long développement sur les causes profondes de cette désaffection du corps médical pour les zones rurales, faisant l’histoire du numerus clausus, de l’après-guerre jusqu’à nos jours, et constatant que l’exercice de la médecine libérale est en mutation.

Christian Nucci détaille la situation de son canton:”Nous avons 5 médecins à Beaurepaire, pas loin de l’ âge de la retraite. Je les ai tous convoqués pour leur proposer d’organiser des stages ouverts à de jeunes médecins dans la perspective de transmettre leur cabinets. L’un des candidats n’est resté qu’une demi-journée. Pour lui, il y avait trop de boulot!”

Médecin de campagne. Un exercice qui n’a pas la cote. Pas loin du sacerdoce. Peu de retour sur investissement. Peu de distractions pour les enfants. Et le conjoint, que fait-il? Autant d’éléments versés au dossier, expliquant en partie la situation. Les maisons médicales? Dans le canton de Corps, dont le conseiller général est un médecin, Gérard Cardin, il en est une en train de se construire. Est-ce la solution? Le diagnostic de Jacques Pichon-Martin (canton de Saint-Laurent-du-Pont), médecin de son état, n’est pas très enthousiaste:”Je crains que ces maisons médicales ne soient pas habitées”.

Elles le seront peut-être par des médecins étrangers. Et personne ne pourra s’en plaindre.

Gilbert

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