Christian Nucci répond à Sillon38

A l’occasion de cette nouvelle année, Christian Nucci, vice-président du Conseil général de l’Isère, chargé de l’Agriculture, du Développement rural, de l’équipement des territoires et de l’Eau, a accordé à sillon38 un interview sur quelques questions d’actualité.

Quels sont les défis de l’agriculture iséroise?

“Dès cette année, quatre nouveaux défis, que nos principaux donneurs d’ordre n’ont pas anticipé, sont à relever: le défi alimentaire (sécurité, traçabilité, qualité bio), le défi environnemental (systèmes d’exploitations écologiques, peu demandeurs d’eau) le défi énergétique (économie de charge d’exploitation, nouveaux débouchés) le défi de la croissance territoriale à toutes ses échelles et en équilibre avec les dynamiques urbaines. Il s’agit par ailleurs, dans la perspective de la réforme de la PAC en 2013, de faire le tri des actions iséroises eurocompatibles.”

chanvren1.jpg
Parmi les possibilités de diversification, Christian Nucci cite le chanvre. Des expérimentations sont faites en Bièvre-Valloire
La perte de terres agricoles est évaluée à 1184 ha par an, soit 22 exploitations dites professionnelles. Comment faire face à la pression foncière?

“Le problème est que les dispositions prises par le préfet de l’Isère, Michel Bart, en février 2005 , pour préserver les espaces agricoles, ne sont pas appliquées. Résultat, on assiste à un mitage de l’environnement, regrettable. Pour agir, il faut voir au-delà de l’échelon communal et du PLU. C’est à travers les SCOT (schémas de cohérence territoriaux), qui permettent une vision plus large du territoire, qu’il faut mettre en oeuvre une politique de mise en valeur des espaces agricoles et naturels (PAEN) péri-urbains (délimitation des périmètre, droit de préemption, programme d’actions)”.

L’accès au foncier des jeunes porteurs de projets agricoles est une préoccupation du Conseil général de l’Isère. Le Département s’est engagé en 2008 à inciter à la transmission d’exploitation en faveur des jeunes hors cadre familial. Les objectifs affichés:

1/inciter les agriculteurs cédants à la transmission d’unités d’exploitations
2/inciter les agriculteurs cédants et les propriétaires à louer le foncier ou à transmettre le capital d’exploitation à un jeune agriculteur

3/favoriser l’installation agricole par la reprise d’exploitation hors cadre familial

4/faciliter l’installation sur de petites structures

nucci.jpg
Le prefet Morin, André Vallini, président du conseil Général de l’Isère, Christian Nucci et Stéphane Vial, président de JA 38, fêtant la signature de la charte d’installation 2007, à Beaucroissant

“Dès le second tour des municipales, précise Christian Nucci, il sera nécessaire de rappeler aux maires de l’Isère le bien fondé de la charte départementale d’installation signée en 2007 à la foire de Beaucroissant”.

Depuis deux ans (loi de décentralisation du 22 février 2005 relative au développement des territoires ruraux) les Départements ont hérité de l’aménagement foncier et hydraulique. Un secteur d’intervention plutôt délicat. Comment se passe ce transfert de compétences?

“Ce sont toujours des dossiers compliqués car ils donnent lieu la plupart du temps à des conflits d’intérêts, liés notamment à l’éternel débat sur le coût de la terre. Mais il faut souligner qu’avec le SYMBHI (syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère), nous avons fait un travail fructueux qui a permis d’intégrer le maintien de l’agriculture péri-urbaine dans le projet d’aménagement de l’Isère entre Pontcharra et Grenoble”.

Le projet “Isère amont” repose essentiellement sur la mise en place de 16 champs d’inondation contrôlée (étalement de la crue dans 3400 ha de zones agricoles et naturelles) qui permettront de contrôler et de réduire le débit de la crue bicentennale et ainsi d’éviter les ruptures de digues. L’ensemble de ces aménagements permettra de réguler le débit de crue qui passera de 1 900 m3/s à Pontcharra à 1 200 m3/sec à Grenoble. Dix ans de travaux prévus, coût estimé: 75 millions d’€ . Début des travaux: début 2008

La question des abattoirs est au coeur de l’actualité iséroise, notamment. Qu’est-ce qui justifie la réduction du nombre des lieux d’abattage?

“Le volume d’abattage diminue considérablement en Rhône-Alpes. On dit couramment que dans un seul abattoir breton, on abat davantage que dans tous ceux de notre région. Il faut ajouter à cela le fait que les chaînes de la grande distribution possèdent leur propre réseau d’abattage. En Isère, sur les 5 établissements qui existaient, il n’en reste aujourd’hui que deux, La Côte-Saint-André et Grenoble-Le Fontanil (celui de La Tour-du-Pin est privé). L’État a fait son enquête et décidé la fermeture du premier. Le Département a voulu sauver l’abattage public en Isère. Il a pris la décision de maintenir en activité celui de Grenoble-Le Fontanil qui connaît, c’est vrai, quelques problèmes d’entretien et de gestion.

le-fontanil.jpg

Le site de Grenoble-Le Fontanil devra être repensé afin de limiter les charges

Il va falloir rectifier le tir ! L’objectif est de réduire la voilure, les frais de fonctionnement, peut-être de mettre une partie en location, de faire appel à des partenaires privés”.

Beaucoup craignent la fermeture prochaine de Grenoble…
“Ce n’est pas impossible mais pour l’instant on a la chance d’en sauver un, sachons la saisir”.

Quid du personnel de La Côte-Saint-André?

“On comprend son inquiétude mais il doit savoir que l’État est en train d’étudier la question et tout sera mis en oeuvre pour trouver des solutions de reclassement”.

A propos des élections municipales, certaines communes se retrouvent sans candidats annoncés !

“C’est exact, autour de Beaurepaire, par exemple, une dizaine de maires ne repartent pas. Les contraintes sont de plus en plus lourdes pour les maires de petites communes, les responsabilités également. Pour beaucoup , il est impossible de gérer une vie professionnelle associée à un rôle important dans sa commune. C’est un problème en 2008 mais je crains qu’il s’amplifie lors des prochaines élections municipales”.

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page