Des résineux réputés depuis 1836, au moins

Eliane Giraud, présidente du Parc naturel régional de Chartreuse avait  convié aujourd’hui Charles Galvin, vice-président du Conseil général de l’Isère en charge de la Forêt, la filière bois et la montagne, à venir découvrir la forêt de Chartreuse ainsi que les initiatives du Parc pour valoriser la ressource locale. Une ressource dont les qualités mécaniques -certainement sous-estimées pendant une époque par les professionnels eux-mêmes- ont été certifiées (voir nos précédents articles), et qui pourrait un jour obtenir l’AOC. Ce serait une première!

Mais la route est longue et le Parc n’attend pas cette hypothétique consécration pour mobiliser les énergies, dynamiser la filière, accroître la desserte forestière,  développer le bois énergie, faire oeuvre de pédagogie, tout cela s’inscrivant dans une démarche de développement durable. Gérard Hanus, directeur du PNR Chartreuse, Roger Villien, vice-président chargé de l’Agriculture, la Forêt et les énergies renouvelables, et Sylvain Ougier, chargé du pôle forêt-bois et conseiller forestier CRPF Isère, étaient présents à cette visite sylvestre.

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Gérard Hanus, Eliane Giraud, Charles Galvin, Roger Villien et Sylvain Ougier

Sur une route forestière ouverte récemment, en aval du col de Porte, Charles Galvin s’est montré admiratif devant la hauteur des sapins et épicéas qui l’environnent. Sacrément charpentés. Des pièces de 30m qui, comme le précise Sylvain Ougier, représentent 3 à 4m3 sur pied. “On arrive à trouver des arbres de 10m3”.  C’est l’ un des signes distinctifs du bois de Chartreuse: ses dimensions. Du bois d’oeuvre hors standard. Un atout incontestable. “Le bois étranger s’arrête à 6,10m. Au-delà, on est sûr qu’il s’agit de bois local”, ajoute Sylvain Ougier.

Mais ces qualités sont-elles connues, valorisées, interroge Charles Galvin?

La réponse est :”Insuffisamment”. Ou: “Il y a encore du pain sur la planche”. Pourquoi? “Beaucoup de gens se laissent tenter par l’apparence propre, lisse et claire des bois du Nord, souligne Sylvain Ougier. Mais ça ne suffit pas à en faire des bois de meilleure qualité que les nôtres…Et puis, si l’on fait un bilan carbone, il y a un rapport de 1 à 30 entre les uns, produits sur place, et les autres venus de Scandinavie, des pays de l’Est ou d’ailleurs”.

Eliane Giraud rappelle que le brasserie Georges, à Lyon, possède une charpente en bois de Chartreuse. Preuve que cette qualité de bois d’oeuvre est connue depuis des lustres. Cette célèbre brasserie a, en effet, ouvert ses portes en 1836 avec à la clé une prouesse architecturale: un plafond de 700m2 sans pilier, tenu uniquement par trois immenses poutres en sapin transportées à bord d’un char à boeufs depuis… la Chartreuse. Un beau certificat, pas assez connu, sans doute, pour les bois de Chartreuse.

Charles Galvin souligne la nécessité de faire plus de pédagogie autour du bois, de la forêt, des métiers de la filière. Il souhaite notamment:

– revoir les modalités des Trophées du bois, organisés par le Département, dans le sens de l’ ouverture

– créer un espace pédagogique dans chaque massif

Le Parc, pour sa part, joue ce rôle éducatif de plusieurs façons. “Nous sommes encore très peu à défendre l’enjeu pédagogique autour du bois,” souligne Eliane Giraud.” Le Parc y tient et nous sommes prêts à travailler avec le Conseil général. Au Salon européen du bois, nous avons fait venir 2500 élèves”.

Le Parc travaille également avec les accompagnateurs en montagne de Cartusiana qui disposent d’un classeur pédagogique “L’école dans la Forêt”. Sylvain Ougier évoque également “le projet d’un site sécurisé dans une scierie permettant de faire découvrir cette activité aux enfants comme au grand public. C’est un métier d’avenir”.

La forêt de Chartreuse a une longue histoire. Depuis une dizaine d’années, c’est une nouvelle page qui s’est ouverte, le bois étant devenu une précieuse source d’énergie renouvelable et un enjeu de territoire. Le PNR et le Conseil général de l’Isère s’emploient de concert à relever ces nouveaux défis de développement durable.

Gilbert

One thought on “Des résineux réputés depuis 1836, au moins

  1. J’adresse à la Chartreuse tous
    mes voeux de réussite pour l’AOC, qui a mobilisé les espoirs de tout un massif. En tant que voisin notre pays du
    Trièves, du Beaumont et de la
    Mathéysine, c’est un grand pas qui
    sera franchi pour l’ensemble de la filière.
    Amitiés à tous et en particulier aux dirigeants du PNRC
    Patrick Chion président de l’AFTBM

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