Forêt de montagne: un colloque qui a posé les vraies questions

Une salle pleine pour le colloque de la XIe Fête de la forêt de montagne, à Chichilianne

Afin d’introduire le sujet, un court-métrage réalisé par Francis Helgorsky mettant en scène un agent de l’ONF à la retraite, un bûcheron et un menuisier a été projeté en avant première.

Il a été rappelé que  Rhône-Alpes est classée en deuxième position des régions forestières, derrière l’Aquitaine mais suite à la tempête de cet hiver, ce classement peut être inversé. L’Isère est le premier département de notre région en ce qui concerne les surfaces, l’exploitation et les emplois forestiers.

Le colloque, animé par Mireille Hotzer,  a abordé plusieurs thèmes. Une pléiade de spécialistes avaient été invitée pour répondre aux questions. Parmi eux, Michel de Galbert, directeur du CRPF Rhône-Alpes, Yann Tracol, docteur en écologie végétale, Jean-Noël Drogue, président du GETEF du Vercors, Laurent Descroix, spécialiste du débardage par câble à l’ONF, Nicolas Agresti, chef de service Isère à la SAFER, Gilbert Magnat, administrateur à la Fédération des chasseurs de l’Isère, Jean-François Veille, chargé de mission Bois-énergie à la COFOR, Marie-Blanche Personnaz, directrice de l’ASCOPARG. Ajoutons-y Jacques Sardat, alias Cléd’12, spécialiste du crayon et des feutres, qui commentait en direct, par écran interposé, les thèmes abordés.

Le réchauffement climatique. Difficile de le contester. Une étude INRA-CNRS publiée dans la revue Science du 27 juin 2008 met en évidence une remontée générale des espèces, de l’ordre de 29m en altitude par décennie. Les plantes sont en train de migrer pour conserver les températures nécessaires à leur survie. C’est scientifiquement démontré. Il faudra donc s’adapter car des essences vont disparaître au contraire d’autres qui vont se développer sur nos sols. Il a été convenu de rester mobilisés mais surtout de ne pas faire n’importe quoi, trop hâtivement.

Au niveau de l’exploitation forestière, chacun en a convenu, l’isère est un département phare.Des emplois dans la filière peuvent être créés. Le hic, les difficultés d’exploitation liées aux terrains bien souvent très pentus et la pénurie de main d’oeuvre. Il faut dire que les métiers de la forêt ont mauvaise presse.

« Vous vous imaginez un gosse dire à l’école que son père est bûcheron! » a t-on entendu dans la salle. Il est certain qu’il faut redonner leurs lettres de noblesse à ces métiers du bois et de la forêt. C’est le moment ou jamais -à l’heure où la mobilisation du bois devient une priorité nationale- d’organiser une campagne de communication sur ce sujet, notamment auprès des jeunes. Ce sont pour la plupart des métiers qualifiés, qui doivent être valorisés, mieux rémunérés et les formations mieux adaptées. Des métiers qui ont l’avantage d’être non délocalisables. Ont également été évoqués les outils plus fonctionnels et de meilleures conditions de travail .

L’utilisation de câbles mobiles en est l’exemple type. Des emplois peuvent être créés surtout grâce au bois énergie, en pleine expansion.

Comme cela a été rappelé au fil des débats, chaque année en Isère 700 hectares de terres quittent le monde agricole. 600 sont consacrés à l’urbanisation et 100 ne sont plus exploités car difficiles d’accès. Ils se transforment en forêt. Un cadeau empoisonné car impossible à valoriser.

Autre problème récurrent: le morcellement de la forêt. Comment exploiter une parcelle de 2000 m2? Comment ouvrir une piste forestière quand le tracé concerne près de cent propriétaires? Des remembrements calqués sur l’agriculture sont réalisés comme en Bonnevaux- Chambarans. C’est une solution, mais longue et coûteuse.

Foncier et territoire. La forêt est devenue au fil des ans un espace ou l’on rencontre une multitude d’activités: chasseurs, randonneurs, promeneurs, ramasseurs de champignons, passionnés d’engins à moteur. Tout ce petit monde doit, certes respecter la forêt, mais également cohabiter. Et bien souvent ce n’est pas évident.

Autre sujet abordé, le bois énergie et la pollution qu’il provoquerait.

Une chose est certaine, notre région, notre département et des agglomérations  comme celle de Grenoble souffrent très souvent l’hiver d’excès de particules polluantes émises dans l’atmosphère par la biomasse et le bois. La faute n’est pas due aux chaudières modernes, adaptées, bien réglées, comme le sont les chaudières à granulés automatiques.

Non, la faute vient des particuliers qui brûlent des bois de mauvaise qualité dans des cheminées traditionnelles ou des inserts de médiocre qualité.

C’est en direction de ces particuliers qu’il faut axer les efforts de communication afin que soit limité au maximum l’émission de particules polluantes. C’est une demande forte de l’Europe, comme l’a souligné Mme Personnaz.

Il faut savoir que 30000 personnes meurent en France suite à des pathologies dues à la pollution….

Le débat n’a pas tout réglé loin de là mais il a posé les questions clés.

gilbertp@sillon38.com

Gilbert

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