Ressources forestières: atouts et limites des démarches territoriales

A l’initiative de l’ UNCOFOR , les Troisièmes rencontres nationales des chartes forestières de territoires se sont tenues à Chambéry les  23 et 24 novembre. Les participants à ces deux journées de travail et d’échanges  ont visité le PNR de Chartreuse à travers quelques éléments vitaux de la filière bois tels que  le Centre de séchage, les scieries, etc. Ils ont pris connaissance de la démarche AOC Bois de Chartreuse, actuellement en cours, ainsi que de la création par le CIBC d’un stock permanent de bois sec et raboté.

En Chartreuse, à l'occasion d'une visite de scierie avec le CIBC
En Chartreuse, à l'occasion d'une visite de scierie avec le CIBC

Nous vous donnons ici un aperçu des débats à travers l’Atelier 2, présidé par Guy Charron, président des Communes forestières de l’Isère et animé par Gilles Rey-Giraud, responsable de l’équipe Politiques territoriales d’ETD. Le thème en était : « Valoriser  les ressources forestières locales pour un développement durable des territoires ».

L’ objectif de cet atelier était d’une part d’échanger sur les expériences de territoires visant à valoriser économiquement les ressources forestières locales, d’autre part d’identifier les principaux freins à l’organisation et au développement de filières bois s’appuyant sur la ressource locale et esquisser des pistes pour les lever.

A la base du questionnement, un paradoxe: l’ utilisation du bois est en augmentation dans notre pays mais le bois est massivement importé.

D’où cette série d’interrogations de Guy Charron:

Bois construction:

– Peut-on mieux adapter l’offre de bois local aux demandes de l’aval et de quelle manière?

– Quelle stratégie de modernisation de la première transformation?

– Comment rendre plus lisible l’offre de bois local?

Bois énergie:

– Indépendance ou pas de la filière bois-énergie?

– Prescription du bois local dans les projets bois construction et bois énergie?

– Rôle de l’Etat et des différentes collectivités dans le développement d’une filière bois locale?

Atouts des démarches territoriales

-Existence d’une ressource forestière de qualité, abondante, même si elle est mésestimée et sous-valorisée

-Des marchés de proximité qui peuvent être plus exploités

-Un réseau de petites scieries sur des marchés de niches

-Des démarches professionnelles novatrices sur des territoires, qui se font jour grâce aux dispositifs existants (CFT, PDM, PAT, politiques départementales et régionales…)

Limites des démarches territoriales

Elles sont plus nombreuses qu’on le pense. Guy Charron en a proposé une liste qui n’est sans doute pas exhaustive :

– Un bois local produit au-dessus du prix du marché international (concurrence des bois importés)

– Une commande publique freinée par l’impossibilité de flécher le bois local

– Des prescripteurs qui, faute d’information ou de ressource locale, ont tendance à proposer des standards inexistants sur le territoire

– Archaïsme d’une partie de la seconde transformation (utilisation de bois vert massif )

– Un comportement encore souvent individualiste

– Des documents d’urbanisme qui ne prennent pas en compte la forêt et ne favorisent pas toujours l’usage du bois

– Insuffisance d’outils agréés pour le classement des bois, adaptés à la réalité locale (essences, taille, prix)

Propositions

Il y a donc du pain sur la planche pour parvenir à valoriser de façon cohérente et durable la ressource locale à l’échelle des territoires. Mais le mouvement est en marche. Des outils ont vu le jour, des initiatives ont été prises ça et là mais il reste à transformer l’essai. Guy Charron formule quelques recommandations :

– Donner et se donner les moyens de généraliser la production locale de bois séché, classé et transformé

– Intégrer dans les cahiers des charges de la commande publique la valeur ajoutée environnementale et sociale des bois locaux

– Développer au plan national des analyses permettant de démontrer cette valeur ajoutée, traduites en outils opérationnels

– Travailler en amont avec les prescripteurs pour l’intégration de critères favorisant l’utilisation du bois local

– Favoriser et soutenir les démarches territoriales expérimentales de mise en lien des acteurs et de rapprochement entre offre et demande (labellisation, certification,…)

– Mettre en réseau les différentes démarches à l’échelle des massifs d’une part, à l’échelle nationale d’autre part

– Prendre exemple sur les démarches agricoles qui fonctionnent

– Maintenir et augmenter les moyens humains permettant de constituer des « grappes » d’acteurs locaux

– Communiquer sur l’importance de consommer du bois local dans les territoires

Gilbert

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