Des effaroucheurs d’oiseaux qui dérangent

orateurM. Antoine Lefèvre (Aisne-UMP) dans sa question écrite publiée dans le JO Sénat du 09/07/2009, attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, sur les dispositions réglementaires concernant l’utilisation des canons à gaz dits «effaroucheurs d’oiseaux» utilisés par le monde agricole.

Parfois situés à proximité des habitations, sans précaution de voisinage, il souligne les risques d’accidents que font courir à la population, surtout aux enfants, ces engins et bouteilles de gaz laissés sans la moindre surveillance, dans des zones accessibles.

Il souhaiterait donc avoir des précisions, d’une part sur les mesures acoustiques des niveaux du bruit (certains annoncent un niveau de 120 décibels par explosion), et d’autre part sur l’ensemble de la réglementation et, le cas échéant, les sanctions qu’encourraient les exploitants agricoles, tout en sachant bien qu’il n’est pas question d’une demande d’interdiction totale d’utilisation de ces engins mais d’obtenir la mise en place de règles simples et précises.

Ces règles devront tenir compte de l’intérêt du monde agricole qui doit protéger ses récoltes et du monde rural en général qui a droit à une vie paisible.

Réponse du Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat publiée dans le JO Sénat du 26/11/2009

Les canons effaroucheurs d’oiseaux sont des matériels utilisés pour empêcher certains oiseaux de picorer les graines durant leur période de germination.

Les nuisances sonores émises par ces appareils sont réglementées par les dispositions du code de la santé publique, et notamment les articles R. 1334-32 et R. 1334-33, qui prévoient des valeurs d’émergence pour les bruits liés à une activité professionnelle.

En cas de non-respect de ces valeurs d’émergence, les sanctions encourues sont celles prévues pour la contravention de 5e classe (amende d’un montant maximal de 1 500 ¬), ainsi qu’une peine complémentaire de confiscation de la chose ayant servi ou étant destinée à commettre l’infraction.

De plus, l’autorité administrative compétente peut prononcer les sanctions administratives prévues à l’article L. 571-17 du code de l’environnement. Ces dispositions sont à mettre en oeuvre, en application du code général des collectivités territoriales, par les maires (art. L. 2212-2).

Par ailleurs, le code de la santé publique permet aux préfets et aux maires de prendre des dispositions complémentaires à la réglementation de portée nationale et de nombreux arrêtés préfectoraux ont instauré des horaires d’utilisation, ainsi que des distances d’éloignement par rapport aux habitations des tiers, de ces dispositifs destinés à protéger les cultures.

Commentaire de sillon38

La cohabitation entre néo-ruraux et exploitants agricoles, ce n’est pas nouveau, donne parfois lieu à des conflits de voisinage que le premier magistrat de la commune s’efforce de régler. Mais certains de ces litiges se terminent au tribunal. On se souvient de l’un d’eux, mettant en cause un coq accusé de chanter à des heures indues, par un voisin de la ferme concernée. La cour jugeant une affaire de basse-cour. Pas banal.

Les nuisances sonores constituent l’un des principaux griefs de ces empoignades, souvent révélatrices de l’incompréhension latente entre monde rural et citadins, les intérêts des uns n’étant pas ceux des autres. Le maire, le tribunal,  sont ainsi invités, quand cela s’impose,  à faire la part du droit.

Reste que le chant du coq échappe  au Code rural, que les corbeaux prolifèrent sans autorisation et qu’il arrive que l’effaroucheur d’oiseaux  soit utilisé le samedi à l’heure où blanchit la campagne. On imagine l’échange de noms d’oiseaux que cette situation peut générer entre le rurbain venu « se mettre au vert », tiré de son sommeil par un coup de canon,  et l’agriculteur-artificier sur le pied de guerre pour protéger son champ  d’une nuée de freux .

La liste est longue des calamités agricoles que doit affronter le paysan. Et le recours à ces épouvantails sonores s’apparente à de la légitime défense. Prenons garde qu’un jour, l’autre à jamais nous effarouche.

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page