Quel élevage pour demain ?

Alors que la demande alimentaire est croissante et que le changement climatique menace la production des denrées, les politiques mises en place à l’heure actuelle pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) vont s’avérer insuffisantes. C’est pourquoi l’Inra, en association avec 25 partenaires lance aujourd’hui le projet européen AnimalChange (AN Integration of Mitigation and Adaptation options for sustainable Livestock production under climate CHANGE).

Ce projet a été pensé pour fournir, pour la première fois, une vision prospective et intérative des futurs du secteur de l’élevage, en tenant compte du changement climatique. Il proposera notamment des systèmes de développement durable de l’élevage en Europe, Afrique du nord et sub-saharienne et en Amérique latine. Cette annonce intervient au moment où se déroule la seconde conférence plénière des représentants des Etats membres.de la « Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse gases » (GRA)(1). AnimalChange sera lancé officiellement le 22 mars 2011 lors d’un séminaire réunissant les participants près de Nice.


La demande alimentaire va croître d’environ 70% d’ici à 2050 selon les projections de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Les produits animaux sont particulièrement concernés par cette augmentation, en raison notamment de l’augmentation de la population dans les pays en développement, mais aussi des habitudes alimentaires. Ainsi la production de viande pourrait doubler (229 millions de tonnes dans les années 2000 contre 470 millions en 2050) et celle du lait passer de 580 à 1043 millions de tonnes.

Parallèlement, le changement climatique pourrait affecter la production et la sécurité alimentaires (conditions climatiques extrêmes plus fréquentes, prolifération de pathogènes émergents, développement de nouvelles maladies). Etant donné que l’augmentation de la production de viande aura surtout lieu dans des pays en développement (pays africains par exemple) ou à économie de transition (comme le Brésil), il sera nécessaire de mettre en place des stratégies pour réduire les émissions de GES sans provoquer des dommages sur le plan économique, social et environnemental.

L’élevage est responsable actuellement de 37% des émissions de méthane, de 65% des émissions de dioxyde d’azote et de 9% des émissions de dioxyde de carbone. Mieux comprendre la manière dont les politiques publiques mises en œuvre sur l’énergie, le climat ou l’agriculture, peuvent affecter les liens entre climat et élevage devient donc urgent.
L’ambition du projet Animal Change est de déterminer, en fonction de paramètres climatiques, économiques, énergétiques et liés à l’agriculture, les caractéristiques des systèmes d’élevage du futur. Concrètement, les partenaires d’AnimalChange développeront une série de scénarios, de modèles biophysiques et socio-économiques, qu’ils associeront à l’expérimentation. Ils pourront ainsi explorer des scénarii futurs pour le secteur de l’élevage ainsi que pour l’évolution du CO2 atmosphérique.

Différents volets vont donc être étudiés

  • la réduction des incertitudes sur les émissions de GES par les systèmes d’élevage, en intégrant notamment les données sur la séquestration du carbone dans le sol
  • l’évaluation des impacts du changement climatique sur les systèmes d’élevage (y compris les prairies)
  • l’intégration de la variabilité du climat lors de cette évaluation des impacts, ainsi que la prise en compte des capacités d’adaptation des systèmes d’élevage
  • le développement de technologies de pointe pour l’adaptation au changement climatique et l’atténuation des impacts de celui-ci sur l’élevage des ruminants et monogastriques
  • l’évaluation des coûts potentiels, sociétaux et pour le secteur de l’élevage en Europe et dans certaines régions d’Afrique et d’Amérique latine
  • l’évaluation de la vulnérabilité au changement climatique de la production animale et des émissions de GES associées
  • un soutien direct pour la mise en place de politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour le secteur de l’élevage.


Les partenaires d’AnimalChange informeront par la suite les politiques publiques de développement et proposeront des actions de coopération avec les petits éleveurs des pays en voie de développement sélectionnés.

AnimalChange réunit 25 partenaires publics et privés issus de 12 pays européens, du Sénégal, de Turquie, d’Afrique du Sud, du Brésil, du Kenya et de Nouvelle-Zélande.
Son budget global est de 12,8 millions d’euros dont 9 millions sont financés par la Commission Européenne dans le cadre du 7ème PCRD sur une durée de 4 ans (2011-2015).

1Cette conférence plénière a lieu en France du 28 février au 4 mars 2011. L’objectif de la GRA est de contribuer à l’amélioration de la productivité de l’agriculture tout en réduisant les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).

Gilbert

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