S’adapter au changement climatique, le défi des forestiers ?

330 élus professionnels, ingénieurs et techniciens du Centre national de la propriété forestière, CNPF, se sont rassemblés à Tours les 29 & 30 janvier 2013, afin de répondre aux questions des gestionnaires forestiers face au défi du changement climatique.

Comprendre et anticiper les impacts du changement climatique sur la forêt française au cours du siècle est un véritable défi qui mobilise les forestiers. Parmi ses missions de développement et d’amélioration de la gestion des forêts privées, ce séminaire du CNPF définit les orientations de l’établissement public face à cet enjeu de société.

La coordination des travaux de recherche appliquée est précisée en fonction des besoins des régions. La création d’indicateurs et d’outils d’aide à la décision est développée, en vue d’une utilisation la plus large possible par les propriétaires forestiers, pour les assister dans leur choix de gestion.

Le CNPF coordonne les messages vers les propriétaires forestiers :

– Les effets du changement climatique sont visibles aujourd’hui, tant pour la végétation que pour la faune associée (augmentation de la productivité des forêts (+30% en un siècle), déplacement des aires de répartition d’espèces, modifications de la phénologie des essences, dépérissements localisés….).

L’ampleur de son évolution, sa vitesse et la forme, qu’il prendra dans les régions pour les décennies à venir, restent incertaines. Le forestier doit donc apprendre à raisonner en termes de probabilité du risque.

– Face à l’augmentation probable des impacts du changement climatique et des organismes ravageurs, le CNPF s’organise avec le Département de la Santé des forêts pour la surveillance des forêts, avec ses correspondants changement climatique. Ce réseau devra échanger régulièrement en partageant les expériences et les expertises, pour apporter le conseil le plus efficace aux propriétaires.

– Devant la variabilité du climat, le forestier est contraint d’agir dès aujourd’hui avec prudence, pour ne pas aggraver la situation. Il s’agit de relever le défi d’adapter la gestion des peuplements forestiers pour maintenir une forêt multifonctionnelle, productrice de biens et de services (biodiversité, eau, accueil, carbone…).

– Le forestier doit comprendre et intégrer les nouvelles connaissances pour établir un bon diagnostic du sol et du climat sur la forêt concernée. Les nouveaux outils de diagnostic sylvo-climatiques constitue une des clés de l’analyse d’une forêt.

– Les effets du changement climatique seront différents selon les régions. À partir du diagnostic, il n’y aura pas de réponses techniques applicables systématiquement, mais au cas par cas. Les CRPF en régions conseilleront des solutions techniques évolutives suivant les situations. Les principes retenus sont : progressif, réversibilité, souplesse, sans regret.

– Une coordination entre R&D et gestion au sein du CNPF permettra une mutualisation des moyens et donc des résultats optimisés, comme par exemple le programme « Chênaie atlantique » et ses développements.

– Le métier du conseil technique doit impérativement évoluer par des connaissances renouvelées. Il faut adapter le discours et expérimenter des initiatives ou innovations techniques.

Les travaux des ateliers de ces journées techniques à Tours montrent bien la mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’établissement pour tester, valider et mettre en pratique les différentes options. Pas de recettes miracle, mais une démarche logique et pragmatique, à partir des diagnostics climatiques et des peuplements en place, afin de choisir la bonne option en fonction des connaissances disponibles.

Les composantes techniques, économiques de la prise de décision s’intègrent dans la démarche de diagnostic, sans occulter la question de l’atténuation du changement climatique par une forêt productive. Le rôle sociétal de l’atténuation ne pourra être efficace, que si les forêts s’adaptent aux nouvelles conditions climatiques. Le carbone est au centre de l’avenir du financement des actions sylvicoles futures, qui conditionnent les choix techniques.

Une forêt en bon état de production participe d’autant plus à l’atténuation du changement climatique pour 2 raisons : – la séquestration de carbone se fait durant la croissance de l’arbre ; – l’atténuation passe aussi par l’utilisation du bois matériau en substitution d’autres matériaux, et l’utilisation du bois énergie, ressource renouvelable, en substitution d’énergies fossiles.

Les 3 moteurs pour réussir l’adaptation aux changements sont :

– le développement des connaissances, pour mieux comprendre les phénomènes, leurs conséquences,

– L’adaptation a un coût, la rentabilité financière est indispensable pour assurer les investissements nécessaires au changement.

– Une politique publique d’accompagnement de ces changements est primordiale pour donner le cap et des moyens à la hauteur du défi.

Henri Plauche-Gillon, président du CNPF, et les institutionnels présents ont salué le sérieux et la motivation de l’ensemble des agents de l’établissement. « Grâce à votre implication, la forêt privée est en marche : elle agit, anticipe et s’adapte face au changement climatique, pour maintenir une forêt de production de biens et services. »

Il insiste sur la nécessité de donner les moyens de cette politique ambitieuse. « Le changement climatique transcende les capacités d’adaptation des propriétaires forestiers, qui, sans l’appui des pouvoirs publics, ne pourront rien faire. »

Il conclut : « Si les forestiers n’ont pas les moyens de s’adapter, cela créera un trou de production de la forêt française dans 50 ans. Fort du soutien de l’État et de la mobilisation des forestiers, nous pouvons relever le défi d’une forêt productive, et qui répondra aux demandes sociétales. »

Gilbert

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