Les Organisations Professionnelles Agricoles rhônalpines s’engagent pour le développement de l’agriculture familiale dans le monde


La Chambre régionale d’agriculture Rhône-Alpes, Agriculteurs Français Développement International Rhône-Alpes (AFDI), les Jeunes Agriculteurs de Rhône-Alpes viennent de créer RESAGRI, le Réseau des Organisations Agricoles et des Agriculteurs engagés dans la coopération Internationale.

L’objectif est de construire ensemble une stratégie régionale dans le domaine de la coopération internationale, de définir les moyens à mettre en œuvre pour l’émergence et l’accompagnement de projets, de favoriser les rencontres, les échanges entre agriculteurs dans tous les pays, et de valoriser leur expertise à l’international.
Cette plate-forme régionale est ouverte aux organisations agricoles rhônalpines qui souhaitent aussi s’engager à l’international. La Chambre d’agriculture de l’Isère en est le premier membre associé.

Pourquoi s’investir à l’international ?

Plusieurs types d’agriculture se développent dans le monde. D’un côté, une agriculture de subsistance, qui concerne une grande majorité de paysans paupérisés, dont une partie souffre de la faim, de l’autre, une agriculture de firme – parfois financée par des capitaux totalement extérieurs au monde rural – souvent préjudiciable à l’emploi comme à l’environnement. Les agriculteurs français sont en mesure de démontrer que l’on peut à la fois être un grand pays agricole, satisfaisant un marché national et d’exportation, répondant à la demande d’une importante industrie agroalimentaire et s’appuyer sur un tissu d’exploitations agricoles familiales. Cette agriculture familiale est capable de nourrir le monde et c’est pour cela que les membres de RESAGRI s’engagent à l’international.
Si l’agriculture est aujourd’hui au cœur des préoccupations dans le monde, elle a été longtemps absente. Nous savons qu’il n’y a pas de développement d’un pays sans une base agricole forte. Pour Nicole Bruel, Présidente d’AFDI Rhône-Alpes, l’enjeu est aussi de faire reconnaître le métier de paysan, qui doit permettre à celui qui l’exerce d’en vivre, que ce soit dans son département ou à Kaolack au Sénégal, où AFDI Loire accompagne des organisations paysannes.

S’ouvrir à l’international, c’est une ouverture sur le monde, un partage d’expérience, mais c’est aussi contribuer à donner à chacun la possibilité de vivre dans son pays et de favoriser son développement. « Nous ne pouvons pas constater, mon voisin a faim, mais cela ne me regarde pas » affirme Jean-Luc Flaugère, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture.

Les Jeunes Agriculteurs s’investissent habituellement sur les questions de formation, d’accès au foncier, d’installation. Raison de plus pour s’intéresser à ce qui se passe ailleurs dans le monde, parce que les jeunes qui s’installent en agriculture aujourd’hui, ce sont eux qui produiront notre alimentation en 2050, quand la population mondiale devrait atteindre son apogée. Adrien Bourlez, Président des JA Rhône-Alpes veut que les agriculteurs soient des entrepreneurs ouverts sur le monde.

Didier Villard, Vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Isère : « Il faut aller voir ce qui se passe ailleurs pour comprendre ce qui se passe chez nous ». Depuis cinq ans, la Chambre d’agriculture de l’Isère accompagne, principalement sous forme de voyages d’études, « ici » ou « là-bas », les responsables de la Chambre d’agriculture des Hauts-Bassins au Burkina Faso. Il faut être humble, prendre le temps de comprendre, ne surtout pas vouloir transposer nos méthodes, « les paysans burkinabè n’ont pas besoin que nous leur apprenions à faire du maraîchage sur leurs terres ». Nous devons aussi accepter un rythme et des façons de travailler qui ne sont pas les mêmes que les nôtres.

François Heyraud est agriculteur en Auvergne. Il est depuis une trentaine d’années, administrateur de la coopérative Limagrain et depuis trois ans, membre du bureau national d’AFDI. AFDI a fait récemment un travail important de bilan de son activité à l’occasion de ses 40 ans. La première leçon, c’est que dans le monde entier, l’agriculture familiale, les paysans rencontrent les mêmes problèmes, la terre, l’eau, les semences, le stockage des récoltes. Pour faire face à ces questions, la coopération – au sens de l’entreprise coopérative – c’est le contraire de l’égoïsme. Le deuxième enseignement de ce bilan, c’est que travailler efficacement à l’international, c’est travailler en réseau. « Avec RESAGRI, vous êtes vraiment innovants ».

Dans une interview enregistrée il y a quelques jours et projetée au cours de la soirée, le Directeur de la Chambre d’agriculture de Malopolska a souligné combien la coopération avec les Chambres d’agriculture rhônalpines a permis à plusieurs filières, et notamment à la filière lait, de se maintenir et de se développer en Ma³opolska. Il a également insisté sur l’importance des échanges et notamment sur la possibilité qui a été donnée à des jeunes agriculteurs de Ma³opolska de venir en France. Ces voyages à l’étranger ont contribué à convaincre les Polonais de dire oui à l’adhésion à l’Union Européenne. Aujourd’hui, c’est une chose dont les agriculteurs polonais ne peuvent que se réjouir.

Rhône-Alpes est une région particulièrement active à l’international, beaucoup d’actions, de projets sont conduits ou soutenus par le Conseil Régional, mais aussi par d’autres collectivités. Pour Michel Grégoire, Vice-président du Conseil Régional, c’est une volonté politique qui correspond à un choix de société, en ajoutant « c’est presque une nécessité ». Si nous ne sommes pas présents par exemple en Afrique Subsaharienne, d’autres le seront à notre place, Chinois, Américains…

François Thabuis, agriculteur en Haute-Savoie et ancien Président national du syndicat Jeunes Agriculteurs. : L’agriculture – l’élevage – et l’alimentation de toute la population mondiale sont des choses trop importantes pour qu’on les laisse entre les mains d’intérêts strictement financiers. Cela veut dire que nous, agriculteurs, assumions cette responsabilité et que nous soyons en mesure de proposer un projet, prenant en compte les besoins des populations, adapté aux territoires et à leur environnement. Après la période de modernisation intense, qui nous a spécialisés dans une fonction unique de production, des années soixante jusqu’à la fin du XXème, il faut aujourd’hui que nous soyons capables de faire des choix pour des agriculteurs nombreux, des territoires vivants et une alimentation qui ait du sens. C’est pour cela que les jeunes agriculteurs doivent se rencontrer et se mobiliser !

Gilbert

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