La truite, sentinelle des rivières

A Bourgoin, en matière de qualité de l’eau potable, ce sont les truites qui donnent l’alerte. Afin de contrôler en permanence la qualité de cette eau, la ville a en effet opté pour le “Truitosem”, un aquarium rempli de truitelles, par où passe l’eau du Vernay, et qui permet, en cas de pollution de couper immédiatement la distribution. La truite joue donc ce rôle précieux de sentinelle, sentinelle de la qualité de l’eau que nous buvons.

La Société des Eaux de Marseille a conçu et breveté ce système de biodétection pour protéger ses adductions contre les risques de pollutions accidentelles toxiques. Le premier appareil a été installé sur l’adduction du Canal de Marseille dans les années 1985/86. A Bourgoin, ce sont les résultats d’une étude menée en 2002 par la CROPP , cellule régionale d’observation et de prévention des pollutions par les pesticides, confirmant une contamination du bassin en atrazine (désherbant du maïs) ou déséthylatrazine, qui ont conduit la ville, en convention avec une société fermière, à prendre ces mesures sanitaires. Une quarantaine de villes françaises ont fait la même démarche.

Comment ça marche?

Le “Truitosem” est un détecteur biologique de pollution hydrique. En d’autres termes, il s’agit d’un test poisson automatique dont l’originalité repose sur l’utilisation de l’effet Doppler pour surveiller l’activité des poissons.

A l’intérieur de la cuve où nagent les poissons, alimentée en continu par l’eau du Vernay, deux sondes sont immergées. Leur rôle est de créer dans ce milieu un champ ultrasonique homogène, ou encore un bruit de fond régulier. En fonction du mouvement des truitelles, le bruit ou signal initial est perturbé : c’est l’effet Doppler – Fizeau. C’est par une analyse sonore, ou électrique, de ce signal ainsi modifié, que l’on détermine l’activité globale de la population de poissons. Les truites évoluant dans un milieu sain, leur activité est normale et le signal sonore (ou électrique) est constant. Si les truites perçoivent une pollution dans l’eau, leur activité diminue, et le signal est modifié. Une alarme est alors déclenchée et permet de mettre les installations surveillées en sécurité. A Bourgoin, à la moindre réaction anormale des truitelles, le système de distribution peut être interompu.

Un système d’animaux sentinelles est défini comme un dispositif destiné à collecter, systématiquement et régulièrement, des données sur des animaux exposés à la pollution environnementale; ces donnée sont ensuite analysées pour identifier les dangers potentiels pour la santé de l’homme et de l’environnement (selon le National Research Council).

En ce qui concerne les truites du “Truitosem”, des recherches ont permis de déterminer les variétés les plus sensibles aux variations de la qualité de l’eau: ce sont des truites arc-en-ciel, blackbass et des vairons.

Autres animaux sentinelles

D’autres espèces animales, en dehors des animaux domestiques (qui peuvent eux aussi jouer un rôle de gardien), permettent à l’homme d’évaluer les variations de son milieu vital. Les mollusques, les moules notamment, ont été les premières, dans l’histoire de la biodétection, à servir d’indicateurs de la qualité de l’eau de mer.

Au siècle dernier, quand ils redescendaient dans la mine, les mineurs emportaient avec eux un canari. L’apparition de symptômes d’asphyxie chez cet oiseau, vingt fois plus sensible que l’homme au monoxyde de carbone, les avertissait de la présence dans les galeries de concentrations dangereuses de ce gaz toxique.

Le surmulot est un animal sentinelle de la pollution des sols. Le pigeon des villes, le goéland qui fréquente en nombre les décharges d’ordures ménagères (les rares qui existent encore) peuvent donner de précieuses indications sur la pollution environnementale.

source: INRA, CROPP

Gilbert

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