Avenir de la forêt française: les candidat à l’élection présidentielle débattent

les candidats* à l’élection présidentielle ont débattu sur leur vision de l’avenir de la forêt française.

Cette rencontre a été l’occasion pour les Forestiers privés d’exposer leurs propres propositions pour valoriser la ressource bois et dynamiser l’amont d’une filière porteuse pour la France.
Les propositions des forestiers entendues par les candidats Les cinq thèmes primordiaux défendus par les forestiers privés ont été abordés lors de cette rencontre, sur lesquels les candidats expriment un large consensus : la gouvernance politique et administrative de la politique forestière, le soutien à l’investissement forestier, la création d’un dispositif assurantiel forestier viable, le maintien d’une fiscalité adaptée au cycle économique de la forêt, et enfin la dynamisation de la récolte du bois et de son utilisation.

Gouvernance forestière – ministère dédié ou délégation interministérielle, un objectif affiché : l’interministériel

Sur la question de la gouvernance politique et administrative, les réponses des candidats oscillent entre la mise en place d’un ministère dédié à la forêt ou une délégation interministérielle. Tous s’accordent à dire que la question de la forêt est importante, mais traitée de manière tronquée et que ses dimensions économiques, écologiques et fiscales doivent être mieux prises en compte et articulées. « La forêt est un acteur économique majeur, on n’en parle pas assez ! Il faut qu’elle sorte du champ agricole. », a réclamé Marc Fesneau du Modem.

Une fiscalité adaptée qui n’est remise en cause par aucun candidat

Aucun des représentants des grandes familles politiques ne souhaite remettre en cause l’amendement Monichon** qu’ils ne considèrent d’ailleurs pas comme une niche fiscale : « Quand on a un dispositif qui a survécu à deux républiques, à plusieurs gouvernements et surtout à Bercy, c’est que c’est un dispositif de bon sens. », a commenté Marc Fesnaud du MODEM.

Remédier au morcellement : le préalable pour dynamiser la récolte du bois et la gestion des forêts

La question du morcellement des parcelles de la forêt privée s’avère le point de départ incontournable de la réflexion de tous les candidats, qui suggèrent qu’un mécanisme d’incitation au regroupement puisse améliorer une gestion plus globale et efficiente des surfaces, mais sans dessiner vraiment les contours d’un tel dispositif.

Par ailleurs, tous déplorent que le potentiel de la forêt française ne soit pas suffisamment valorisé. La forêt française étant la 3ème forêt européenne, elle doit devenir un acteur majeur du marché du bois de construction et du « bois énergie » en utilisant ces ressources nationales. La France accuse un retard par rapport à ses voisins et concurrents sur toute la filière.

Pour pallier ces insuffisances, les équipes des candidats indiquent de concert qu’il faut accélérer la plantation, renouveler et moderniser les outils de production, investir dans la recherche et le développement, mais au préalable rétablir la compétitivité de la France. Lionel Roucan, représentant du EELV, propose de mettre en place « un système de clusters entre trois acteurs : R&D, les industriels de la transformation et les forestiers », et précise que « le bois énergie est la seule ressource énergétique qui ne bénéficie pas d’une aide publique. »

Fonds forestier stratégique carbone: une idée jugée légitime, dont le mode de gestion reste à définir

Concernant l’investissement forestier, tous trouvent légitime que dès 2013 la vente de quotas carbone soit attribuée à la filière forêt bois française à hauteur de 12,5% de sa recette globale. L’urgence est de prendre conscience qu’il faut agir dès maintenant afin d’éviter un trou de production portant préjudice aux générations futures. Les candidats soulignent le fait que cet investissement doit être correctement géré. Lionel Roucan (EELV) propose de gérer cet investissement sur le modèle déjà existant des agences de l’eau. Le PS propose de son côté que cette gestion financière soit le fruit d’une réflexion et d’une coconstruction avec les forestiers.

La question est de savoir si ces 250 millions d’euros issus de la vente des quotas carbone combleront toutes les attentes des forestiers et dans quelle mesure ? Nicolas Forissier, de l’UMP, affirme que : « la priorité, c’est l’amont, attention en matière de gestion de ce fonds à ne pas faire un millefeuille. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui a été fait dans l’agroalimentaire ? Il faut uniquement un responsable politique qui coordonne ; les structures de mise en oeuvre existent déjà »

Recréer un dispositif assurantiel viable : une exigence de solidarité nationale qui se heurte à l’état des finances publiques

Tous s’accordent à dire que le dispositif mis en place dans le cadre de la LMA n’est pas adapté. Son coût (d’environ 1% de la valeur des forêts) est jugé exorbitant dans la mesure où la rentabilité moyenne des forêts oscille entre 1 à 3 % par an. En revanche, la recherche de la solution divise les candidats : Marc Fesneau du Modem annonce clairement la couleur « L’état n’aura pas les moyens d’assurer cette politique assurantielle ! ». Nicolas Forissier de l’UMP propose, lui, de faire évoluer cette épargne assurantielle pour la rendre plus dynamique. « Il faut mettre en place une loi cadre sur le développement de la filière forêtbois afin de redéfinir les niveaux d’assurance et mettre en place une solidarité nationale en  cas d’événements climatiques majeurs. Il faut permettre aux forestiers d’utiliser une partie de cette épargne constituée pour faire des investissements.» Etienne Porcher du PS propose quant à lui « la possibilité d’une défiscalisation de l’épargne forestière qui serait débloquée pour reconstituer les peuplements en cas de catastrophe naturelle majeure. »

Les forestiers demandent la mise en place d’une loi cadre forêt

« Je suis fier que de ce débat soit né un échange d’une très grande richesse et de qualité. Suite aux différentes réponses, nous constatons que la forêt transcende les clivages politiques puisque nous avons retrouvé une forte convergence des propositions des candidats sur le fond des sujets », s’est félicité Henri Plauche Gillon, Président de la Fédération des forestiers privés.
« Les candidats l’ont bien compris : la forêt privée qui représente 75% de la surface forestière nationale et la filière forêt bois qui représente 425 000 emplois, sont essentielles à l’économie française, tant sur le marché intérieur qu’à l’export. Nous attendons donc que ces intentions deviennent des propositions concrètes ; et qu’une loi cadre soit consacrée à la forêt afin que nous puissions pleinement valoriser le potentiel de la forêt, encore trop marginalisé », a t-il conclu.

* Etaient présents pour représenter leur famille politique : Nicolas Forissier (UMP), Etienne Pourcher (PS), Marc Fesneau (MODEM) et Lionel Roucan (EELV)

** L’amendement Monichon : mesure fiscale datant du 28 décembre 1959 incitant les propriétaires privés à assurer une bonne gestion forestière pendant 30 ans et permettant l’exonération des ¾ de la valeur vénale de la forêt.

A propos de la forêt privée :
Une ressource vitale gérée durablement par des acteurs responsables 3,5 millions de propriétés soit plus de 4 millions de propriétaires qui gèrent 75% de la forêt française. A peine 1,2 million d’entre eux détiennent plus de 1 hectare. Pour cette majorité de particuliers, la forêt n’est pas l’activité principale (57 % sont des retraités, les autres sont employés, cadres, professions libérales,…). La forêt ne remplit des fonctions économiques, écologiques et sociales vitales que grâce à la gestion adaptée assurée par ces propriétaires forestiers.
www.foretpriveefrancaise.com

Gilbert

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