Le comité de territoire, dit CT BRD (Comité agricole et rural du Territoire de la Boucle
du Rhône en Dauphiné) est solidaire des éleveurs qui revendiquent un meilleur prix
pour le lait ou la viande. D’ailleurs son président, Eric RODAMEL, agriculteur à
Passins en polyculture élevage, est très concerné et ces jours ci il est très présent
dans les différentes réunions et rassemblements organisés dans le Nord Isère.
Mais le CT BRD n’a pas à « monter en première ligne » dans ces manifestations qui
sont du registre syndical et politique. Le CT BRD, rappelons-le, est composé de 3
collèges (les agriculteurs, les élus, les citoyens et les acteurs socio professionnels) et
il aborde les questions agricoles dans le sens de l’intérêt général. Et d’autre part, il
est par nature a politique.
Les questions soulevées concernent principalement les éleveurs qui commercialisent
leurs produits via des filières longues, contrairement aux éleveurs en circuits courts
dont les prix sont moins tributaires des logiques économiques des marchés
mondiaux. Mais sur notre territoire, plus de 80 % des agriculteurs commercialisent
leurs produits dans des filières longues via des groupements de producteurs, des
coopératives ou des opérateurs privés. La crise d’aujourd’hui fait suite à des crises
plus anciennes notamment pour la filière lait. Et le CT BRD s’est depuis plusieurs
années penché sur cette question, en s’appuyant notamment sur un diagnostic de la
situation économique préoccupante des éleveurs laitiers de notre territoire de la
Boucle du Rhône en Dauphiné. Beaucoup d’éleveurs laitiers ont d’ailleurs décidé ces
dernières années d’arrêter cette production et des actions ont été mises en place
pour aider au maintien des éleveurs laitiers ; par exemple via un suivi particulier des
éleveurs, ou encore via des MAE (mesures agro environnementales, projet
actuellement en cours, très décevant et mené dans un contexte difficile) qui
consistent principalement à aider financièrement les éleveurs à entretenir des
prairies d’intérêt environnemental.
D’autre part pour contribuer à sortir de ces logiques économiques mondiales qui ont
tendance à sous payer les produits agricoles, il y a deux voies possibles auxquelles
le CT BRD travaille :
1. Le développement des circuits courts, mais n’oublions pas que cette voie peut
difficilement se généraliser, compte tenu du fait qu’une partie importante des
consommateurs aspire à payer le moins cher possible pour son alimentation
et se satisfait très bien du système économique dominant. Nous appuyons par
exemple, via des financements de l’Europe, de la Région et du département
des initiatives locales comme des magasins collectifs d’agriculteurs ou des
réseaux de vente directe.
2. L’autre voie consiste à développer des filières longues plus locales, que les
chercheurs appellent désormais « l’agriculture du milieu ». A cet effet, nous
avons cet Hiver pris la décision de rencontrer les principaux opérateurs
économiques (coopératifs ou privés) de notre territoire afin de discuter avec
eux d’initiatives permettant de mieux valoriser les produits locaux. Nous avons
ainsi rencontré la coopérative Dauphinoise et la Maison CHOLAT. Leurs
initiatives concernent plutôt les produits céréaliers. Et nous devons rencontrer
à l’automne des opérateurs économiques des filières lait et viande. Par
ailleurs, nous travaillons à des projets plus techniques, en apparence, autour
de l’agroécologie (avec l’ISARA Lyon), ou de l’agriculture écologiquement
intensive que cherchent à développer en Isère la FDSEA, les Jeunes
Agriculteurs, et la Chambre d’Agriculture. Ce sont des pistes qui intéressent
aussi les consommateurs soucieux des conséquences de leurs achats et
prêts à soutenir par des prix plus équitables entre les différents opérateurs.
Comme on le voit, les revendications légitimes des éleveurs, renvoient à des
questions complexes dont les réponses doivent se trouver auprès des politiques à
Bruxelles et à Paris. Le CT BRD oeuvre dans le domaine qui est le sien, en toute
indépendance des structures syndicales et des politiques