La Fédération laitière valaisanne (FLV) a perdu son procès pour l’obtention d’une AOC raclette. Le verdict, attendu depuis 4 ans, n’est tombé que le mois dernier, sans bruit. Selon le tribunal fédéral, le terme raclette désigne un plat et non pas un fromage. N’importe quel producteur de fromage suisse ou étranger peut l’utiliser.
Traditionnellement, depuis 1574 déjà, le terme évoque un plat d’origine valaisanne à base de fromage fondu. Ce n’est que récemment, depuis le milieu ou la fin des années 1970 qu’il désigne le fromage servant à la préparation du mets. Cette nouvelle acception a simplement entériné un usage elliptique de la locution “fromage à raclette”. Cette acception ne renvoie pas spécialement à un produit d’origine valaisanne, conclut le tribunal, qui confirme le verdict de la Commission de recours.
L’état de la législation suisse en vigueur au moment du dépôt de la demande d’enregistrement conforte cette apprécation. En vertu d’une ordonnance du Département fédéral de l’intérieur datant de 1981, l’inscription “raclette” ne devait être incrustée que sur les “fromages à raclette” tandis que les fromages à raclette valaisans devaient seulement indiquer leur provenance.
Président de la FLV, le conseiller national Maurice Chevrier est partagé. Le refus de l’AOC est une déception, mais le tribunal “reconnaît que notre produit mérite une protection” et confirme l’AOC “raclette du Valais” (obtenue fin 2003 NDLR), a-t-il déclaré. La FLV parle tout de même d'”autogoal”. Les producteurs industriels européens pourront continuer à utiliser l’appellation raclette pour écouler dans le monde, du fromage à des prix défiant toute concurrence, estime-t-elle dans un communiqué.
L’association Raclette Suisse ne partage pas ces craintes. Selon son responsable Markus Tschumi, la Suisse ne sera pas envahie de fromages à raclette étrangers. La France par exemple en produit depuis des décennies et en vend aussi en Suisse.
Déboutée, la Fédération laitière valaisanne devra verser un émolument judiciaire de 10 000 francs. Elle devra également verser des indemnités de dépens à Cremo, à l’association Raclette Suisse ainsi que 5000 francs à la société Burger Käse AG.